« Why always him ? » Pourquoi lui et pas un autre ? Dans la recherche de son grand attaquant, l’Olympique de Marseille n’avait qu’un plan A depuis juin 2018 : Mario Balotelli. Mercredi 23 janvier, l’Italien de 28 ans a enfin effectué le court trajet entre Nice et Marseille pour signer un contrat d’une durée de six mois. Oubliées les longues et infructueuses négociations de l’été dernier avec l’OGC Nice et l’agent du joueur, Mino Raiola : « Super Mario » sera présent dans le groupe de Rudi Garcia pour la réception de Lille, vendredi lors de la 22e journée de Ligue 1.

L’OM compte sur un garçon toujours muet cette saison (aucun but en 752 minutes) pour relancer un secteur offensif trop dépendant de l’ailier Florian Thauvin, auteur d’un tiers des buts olympiens en championnat. Mais l’Italien présente un pedigree supérieur à Konstantinos Mitroglou et Valère Germain, les deux avants-centres au cœur de toutes les critiques.

Auteurs de trois buts chacun en championnat, le Grec et le Français ont montré à tour de rôle leurs limites dans un système tactique à un attaquant. L’international italien est-il davantage taillé pour ce rôle et les attentes d’une équipe, 6e de Ligue 1 et mal partie pour valider son billet en Ligue des champions, l’objectif vital fixé par le propriétaire américain, Frank McCourt ?

Joueur fantasque et nonchalant

Attaquant complet, doté d’un physique puissant et d’une technique bien au-dessus de la moyenne, le natif de Palerme n’a jamais complètement confirmé à Manchester City, Liverpool ou au Milan AC son potentiel entrevu à ses débuts à l’Inter Milan. A Nice, il a relancé sa carrière et fait enfin parler les statistiques avec 41 buts en deux saisons toutes compétitions confondues. Une dynamique qui s’est enrayée avec le feuilleton de son vrai faux départ pour l’OM l’été dernier et des relations compliquées avec son entraîneur, Patrick Vieira. « Il est spécial, c’est un joueur fantasque, capable du meilleur comme du pire », résume Rolland Courbis, ancien entraîneur de l’OM et consultant RMC Sport.

Mario Balotelli est un no 9 à prendre avec ses qualités et ses défauts. Malgré la nonchalance et le faible travail défensif du joueur, Rudi Garcia s’est mis en première ligne pour obtenir sa venue, appelant à l’occasion l’Italien pour finir de le convaincre. « On avait besoin de renforts offensifs car on marque moins ces derniers temps, reconnaît l’entraîneur olympien. Sa venue est une bonne nouvelle, même s’il faut attendre de savoir dans combien de temps il sera à 100 %. »

Mario Balotelli lors d’un de ses derniers matchs avec Nice (contre Guingamp le 1er décembre). / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Absent des terrains depuis le 7 décembre, Balotelli manque de rythme mais va devoir s’adapter très vite à sa nouvelle formation pour répondre aux attentes. « L’OM avait besoin d’un attaquant très puissant, qui va vite, qui frappe fort, mais qui sait aussi combiner avec ses partenaires, le club a trouvé le profil qu’il fallait », veut croire Albert Emon, entraîneur à plusieurs reprises du club phocéen dans les années 2000.

Rolland Courbis pense même que Rudi Garcia peut faire évoluer de temps en temps son traditionnel schéma tactique en 4-3-3 (ou 4-2-3-1 depuis l’arrivée de Dimitri Payet) : « Balotelli ce n’est pas Drogba, je ne sais pas s’il peut jouer constamment dans un système où il est seul dans l’axe, il faut lui trouver son bon compère d’attaque et une association avec Valère Germain peut-être un coup de poker gagnant pour l’OM. »

« Il est dans l’obligation d’être bon »

Mario Balotelli arrive dans un contexte difficile, au cœur d’une équipe fragilisée mentalement. Eliminé de toutes les coupes, l’OM doit faire face à un public hostile, exigeant avec insistance la démission de Rudi Garcia, et qui attend beaucoup de ce fameux « grantatakan ». Question pression, l’Italien est servi. « Avec six mois de contrat, il est dans l’obligation d’être bon, cela fait six mois qu’il n’a pas mis un but donc maintenant il n’a pas [d’autre] choix que de montrer tout son talent », prévient Rolland Courbis.

En enfilant le maillot olympien, le joueur ne se transformera pas en machine à courir. « S’il marche mais qu’il marque deux buts par match, les supporteurs seront satisfaits, juge Albert Emon. Balotelli fait partie de ces joueurs qui peuvent réussir à changer la face et le score d’un match à lui tout seul. »

Au-delà de sa réputation, de son caractère et son salaire (estimé à 500 000 euros par mois), « Super Mario » sera jugé sur son rendement. « Marquer n’est pas une question de vie ou de mort », a-t-il pourtant déclaré lors de sa présentation mercredi. Mais pour le « Champions project » de Frank McCourt, la réussite de Balotelli est une question de crédibilité à très court terme.