Des membres d’une société secrète se sont rebellés dans le sud-est de la Sierra Leone contre l’interdiction émise par les autorités de leurs rites d’initiation, attaquant un village et libérant des détenus, a indiqué, jeudi 24 janvier, un porte-parole de la police.

L’interdiction a été signifiée à l’ensemble des chefs coutumiers et autorités du pays dans une directive, au motif que ces activités seraient détournées « par certains individus pour régler leurs comptes avec leurs adversaires politiques ».

Très influentes dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, les sociétés secrètes sont connues notamment pour leurs rites d’initiation des jeunes garçons et des jeunes filles, impliquant souvent des cérémonies de scarifications, de circoncision et d’excision.

Le jour de la publication de la directive gouvernementale, qui donnait vingt-quatre heures aux membres des sociétés secrètes pour achever les rituels déjà débutés, deux personnes ont été tuées dans des heurts entre la police et membres de la société Poro dans la région de Kenema (sud-est). Le lendemain, ils ont enlevé une dizaine d’ouvriers se rendant sur leur lieu de travail, selon les autorités.

Suspension durant Ebola

« Des hommes de Poro se sont déchaînés mercredi, quelques heures après l’entrée en vigueur de l’interdiction », a déclaré jeudi à l’AFP un porte-parole de la police, Brima Kamara.

« Ils s’en sont pris à de paisibles habitants du village de Liema en chantant des hymnes du Poro, les forçant à se cacher » pendant des heures, ont remis en liberté les détenus d’un commissariat de police et pillé des maisons, a ajouté M. Kamara.

Le calme était revenu jeudi sur place, mais les femmes et les habitants non membres de cette société secrète restaient terrés chez eux, a-t-il précisé.

« Nous allons poursuivre les initiations parce qu’elles font partie de notre tradition, a déclaré de son côté à l’AFP un membre du Poro qui a requis l’anonymat. Nous ne sommes pas contre une interdiction temporaire, mais nos rites initiatiques doivent être achevés. » 

Les activités des sociétés secrètes et leurs rituels ont déjà été suspendus en Sierra Leone, notamment pour les élections de 2012 et 2018 ou au paroxysme de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014.