• Jacques Offenbach
    Offenbach Colorature

    Jodie Devos (soprano), Adèle Charvet (mezzo-soprano), Orchestre de la radio de Munich, Laurent Campellone (direction)

Pochette de l’album « Offenbach Colorature », sélection de compositions de Jacques Offenbach par Jodie Devos. / ALPHA CLASSICS / OUTHERE MUSIC

Pour ouvrir, au disque, l’année Offenbach (bicentenaire, en 2019, de la naissance du maître de l’opéra-bouffe sous le Second Empire), Jodie Devos n’a pas choisi la facilité. Moins du point de vue de la technique – l’enchaînement des multiples acrobaties vocales propres aux rôles de colorature – que de celui du programme. A l’exception d’Orphée aux enfers et des Contes d’Hoffmann, les ouvrages qui balisent son parcours de combattante du contre-ut (et même parfois au-delà) sont peu connus : Boule de neige, Vert-Vert, Un mari à la porte. Ils portent néanmoins la marque d’Offenbach, avec des airs qui se démultiplient comme des poupées gigognes, tels que celui de Ciboulette (Mesdames de la Halle), dont la jeune Belge restitue parfaitement l’ambiguïté théâtrale. Le célébrissime air d’Olympia (Les Contes d’Hoffmann) est également exquis : voix cristalline et ton mutin. Quant à l’accompagnement orchestral, modulé par Laurent Campellone, il tient son rang tout en participant à la fête ininterrompue des sens. Pierre Gervasoni

1 CD Alpha Classics/Outhere Music.

  • Hector Berlioz
    Grande Messe des morts

    Bror Magnus Todenes (ténor), Bergen Philharmonic Orchestra and Choirs, Edward Gardner (direction)

Pochette de l’album « Berlioz. Grande Messe des morts », avec Bror Magnus Todenes (ténor), Bergen Philharmonic Orchestra and Choirs, sous la direction d’Edward Gardner. / CHANDOS RECORDS

Partition contrastée, le Requiem de Berlioz, malgré son énorme effectif orchestral (440 musiciens à la création, aux Invalides, en 1837) et ses quatre ensembles de cuivres sonnant l’apocalypse en quadriphonie dans le Tuba mirum, comporte une somme de moments beaucoup plus recueillis, voire dépouillés, ainsi de la déploration du Quid sum miser, l’élévation de l’Hostias ou la veine angélique du Sanctus avec ténor solo. De ce monument de théâtre et de musique, Edward Gardner livre une vision apollinienne, entraînant les troupes chorales et orchestrales de Bergen dans une recherche de vérité aussi fidèle à la lettre qu’à l’esprit de la magistrale écriture berliozienne. Marie-Aude Roux

1 CD Chandos Records

  • Pierre de Bethmann Medium Ensemble
    Volume 3 – Todhe Todhe

Pochette de l’album « Volume 3 – Todhe Todhe », du Pierre de Bethmann Medium Ensemble. / ALÉA / SOCADISC

Avec Todhe Todhe, troisième enregistrement de son Medium Ensemble – comme les deux précédents, Sisyphe et Exo, présenté sous la forme d’un double album – le pianiste Pierre de Bethmann a légèrement resserré les rangs de sa formation. Voix, cor et tuba ne sont pas là, ramenant la section de vents (saxophones, flûte, trompette, trombone) à six musiciens. Nouveauté, l’alliance entre le piano et le vibraphone (David Patrois), qui donne une sensation aérienne. L’écriture de Pierre de Bethmann, lyrique, attentive à la clarté mélodique, est à nouveau valorisée par ce Medium Ensemble de premier ordre. L’on y entend autant des compositions d’une précision d’exécution poussée par le swing (En même temps, Todhe Todhe) que des parties plus en volutes et déliés (Nuance, Volseau), et par endroits comme un souvenir du début des années 1970, quand Frank Zappa menait sa musique toute de ruptures rythmiques vers le jazz en moyenne formation (Mir, Amblitude). Sylvain Siclier

2 CD Aléa/Socadisc.

  • Requin Chagrin
    Sémaphore

Pochette de l’album « Sémaphore », de Requin Chagrin. / KMS

La nageoire dorsale de Requin Chagrin avait émergé pour la première fois en 2015, sur une compilation du collectif La Souterraine (l’irrésistible Adélaïde), suivie d’un enthousiasmant mini-album en 2016. Seule à la tête de ce squale mélancolique, la chanteuse et multi-instrumentiste Marion Brunetto, née en 1981, y fait flirter son garage rock mâtiné de guitares surf avec la pop new wave tricolore d’Elli & Jacno et Indochine. Sémaphore sort d’ailleurs sur KMS disques, nouveau label créé par Nicola Sirkis, qui s’était manifestement entiché de la reprise des Plus Mauvaises Nuits. Ces dix nouvelles compositions démontrent un talent à signer des refrains entêtants dominés par une voix grave à la réverbe fantomatique (Mauvais présage, Sémaphore et Rivières). On peut cependant regretter une approche trop linéaire sur la longueur, malgré la courte durée de l’album. Marion Brunetto devra étoffer sa formule. Franck Colombani

1 CD KMS/Sony Music.

  • Future
    Future Hndrxx Presents : The WIZRD

Pochette de l’album « Future Hndrxx Presents : The WIZRD », de Future. / EPIC / SONY MUSIC

Pour son septième album studio, Future ne s’est pas fatigué. Le rappeur d’Atlanta, qui a explosé en 2012 avec son album Pluto et qui a fait passer la musique trap des bouges de sa ville aux défilés chics de la mode internationale, à l’instar de Migos ou de Young Thug, reprend quasiment la même formule : des refrains autotunés sur des lignes de basse oppressantes et des rythmes ternaires. Il y expose sans complaisance ses addictions à la codéine et autres drogues, notamment dans les morceaux Krazy but True ou Tricks on Me, accélère le rythme de son flow jusque-là lymphatique quand il raconte son combat pour résister à ses tentations. Sur les dix-sept autres morceaux, il y raconte sans grand génie sa vie de nouveau riche : ses allers-retours en jet privé, Jumpin on a Jet, et sa fascination pour les mannequins, Stick to the Models. Il invite aussi ses deux collègues Young Thug et Travis Scott. Un Future qui se renouvelle peu. Stéphanie Binet

1 CD Epic/Sony Music.

  • Seth Gueko
    Destroy

Pochette de l’album « Destroy », de Seth Gueko. / BELIEVE RECORDINGS

Seth Gueko, de son vrai nom Nicolas Salvadori, est un des personnages les plus pittoresques du rap français. Ce garçon, qui a grandi à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), s’est d’abord fait remarquer pour son bagout franchouillard mélangé à l’argot gitan, qu’il a appris à force de fréquenter les camps des gens du voyage. Ses néologismes, les allégories de cet autoproclamé « Professeur Punchline » ont beaucoup amusé la galerie dans les années 2000, puis le rappeur s’est réinventé en s’exilant en Thaïlande, où il a ouvert un bar. Avec ce sixième album, il offre un éventail assez large de ses raps toujours de mauvais goût, à l’image de son Obligé, en duo avec l’infâme Alkpote, de vieux rocks à la ZZ Top avec ALB, de ses chinoiseries de discothèque avec Toute la boîte ou Post-It, ou enfin de l’ode à son propre salon de tatouage, Barlou Tattoo Shop. Malgré ces titres dignes d’un Elmer Food Beat du rap, il y a quelques bons morceaux, comme Paris Street, dédié aux rues parisiennes avec les fines lames Jazzy Bazz, Flynt et Sinik, ou bien encore un Rap Classic, avec Akhenaton. St. B.

1 CD Believe Recordings.