Hassan Nasrallah (le 3 novembre 2014) a donné un entretien rare à la télévision. / Hussein Malla / AP

S’adressant au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le chef du mouvement libanais du Hezbollah l’a appelé à éviter toute « erreur de jugement » qui entraînerait la région « vers une guerre ou un affrontement majeur ». Dans un rare entretien avec la chaîne de télévision Al-Mayadeen qui a duré plus de trois heures, Hassan Nasrallah a mis en garde, samedi 26 janvier, Israël contre la persistance de ses raids en Syrie. Il n’a pas exclu qu’un jour la ville de Tel-Aviv soit la cible de frappes de représailles.

Les dernières frappes israéliennes ont eu lieu en début de semaine, faisant vingt et un morts, en majorité « iraniens », selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Ces hostilités, présentées par Israël comme la riposte à un tir de missile iranien, sont le dernier épisode en date d’un affrontement qui a vu Israël attaquer à de multiples reprises en Syrie des positions iraniennes ou des convois d’armes destinés au Hezbollah. Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, Israël a mené plusieurs raids contre le pouvoir de Bachar Al-Assad mais aussi ses alliés indéfectibles, l’Iran et le Hezbollah, de grands ennemis de l’Etat hébreu.

Le gouvernement israélien martèle qu’il est déterminé à empêcher l’Iran de s’ancrer en Syrie. Mais depuis peu, il revendique beaucoup plus ouvertement ses actes offensifs, au moment où le retrait à venir des troupes américaines annoncé par Washington fait régner l’incertitude.

« A tout moment, la décision peut être prise, par la direction syrienne et l’axe de résistance, de gérer autrement les agressions israéliennes », a mis en garde M. Nasrallah, en référence à l’alliance entre Téhéran, Damas et le Hezbollah. Interrogé par le journaliste pour savoir si cette réaction pouvait se traduire par des frappes de représailles sur Tel-Aviv, M. Nasrallah a répondu : « à un moment donné, tout est possible ». Il a assuré que son mouvement était doté de « missiles de haute précision » capables de frapper partout en Israël.

Tunnels creusés depuis le Liban : « Ce n’est pas une surprise »

Samedi soir, le chef du Hezbollah a également ironisé sur des tunnels creusés depuis le Liban et découverts récemment par Israël. « Ce n’est pas une surprise, la surprise c’est qu’ils ont mis du temps à les découvrir », a lancé M. Nasrallah.

« Au minimum, un des tunnels découverts ces dernières semaines, est vieux de 13 ou 14 ans », a poursuivi le chef du Hezbollah, estimant que cette affaire mettait en lumière « l’échec » des services de renseignement israéliens tout au long de ces années.

L’armée israélienne avait annoncé en décembre avoir découvert plusieurs tunnels creusés depuis le Liban. Ils ont été détruits à l’aide d’explosifs ou bouchés avec des matériaux étanches et l’Etat hébreu a pointé du doigt le Hezbollah. M. Nasrallah a refusé de se prononcer sur l’existence d’autres tunnels, indiquant que « cette question devait rester obscure ».