Des policiers à Nantes, samedi 26 janvier. / STEPHANE MAHE / REUTERS

Faut-il suspendre l’usage du lanceur de balles de défense (LBD) dans les manifestations ? Alors que de plusieurs « gilets jaunes » ont été blessés depuis le début du mouvement social par cette arme, le Conseil d’Etat doit examiner, mercredi 30 janvier, des recours déposés en urgence par la CGT et la Ligue des droits de l’homme pour en faire interdire l’usage.

Le syndicat et l’association avaient essuyé un premier refus vendredi devant le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté leurs requêtes en référé (procédure d’urgence). Le lendemain, le ministère de l’intérieur avait tenté d’apaiser le conflit, en mettant en place une expérimentation. Au cours de la onzième manifestation hebdomadaire des « gilets jaunes », les forces de l’ordre avaient alors été équipées de caméras-piétons destinées à filmer les tirs de lanceurs de balles de défense, une arme dite « intermédiaire ».

Mais la polémique sur le LBD a enflé samedi, après la grave blessure à l’œil à Paris d’une figure du mouvement des « gilets jaunes », Jérôme Rodrigues. Ce dernier affirme avoir été touché par une balle de défense, ce qu’« aucun élément » ne permet de confirmer à ce stade de dire, a nuancé le secrétaire d’Etat à l’intérieur, Laurent Nuñez. Deux enquêtes ont été ouvertes après cette blessure, dont les investigations ont été confiées à la l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

« Annulons le risque »

Le LBD 40, successeur du Flash-Ball utilisé à partir des années 1990 avant d’être abandonné pour son imprécision, fait débat depuis plusieurs années. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est prononcé contre son usage en opération de maintien de l’ordre. M. Toubon avait préconisé, dans un rapport remis le 10 janvier 2018, l’interdiction de l’usage de ces armes dans le cadre du maintien de l’ordre, en raison de leur « dangerosité » et des « risques disproportionnés » qu’ils font courir. « Annulons le risque qui existe de dangerosité de ces armes en suspendant leur utilisation », a-t-il déclaré, précisant que sa proposition vise à « prévenir plutôt que soigner ».

Selon le collectif militant Désarmons-les, 17 personnes blessées par la police ont perdu un œil depuis le début du mouvement. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, comptabilise, pour sa part, quatre personnes gravement blessées à l’œil sur les 101 enquêtes menées par la police des polices.

De la Commune aux « gilets jaunes », pourquoi le maintien de l’ordre est si difficile
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