L’équipe qatarie de Football a laminé (4-0) l’équipe des Emirats arabes unis, qui jouait à domicile, en demi-finale de la coupe d’Asie, le 29 janvier. / SUHAIB SALEM / REUTERS

Après avoir repoussé les assauts de ses frères ennemis du Golfe sur la scène diplomatique, économique et médiatique, le Qatar a remporté une nouvelle bataille sur ses voisins. Sur le terrain footballistique, cette fois. Mardi 29 janvier, en demi-finale de la coupe d’Asie de ballon rond, la sélection qatarie a laminé, sur le score de 4-0, l’équipe des Emirats arabes unis, qui jouait à domicile.

Douze jours plus tôt, en phase de poule, Al-Annabi (« les Bordeaux »), le surnom donné aux joueurs qataris, en référence à la couleur pourpre du drapeau national, avaient déjà battu l’Arabie saoudite (2-0). C’est donc le onze du petit émirat gazier, seul rescapé arabe de la compétition, qui rencontrera en finale, vendredi, le Japon, déjà détenteur de quatre couronnes continentales. Pour les Emirats, organisateurs du tournoi, et pour l’Arabie saoudite, éliminée en huitième de finale, l’affront est de taille.

Les deux pays espéraient se consoler, balle au pied, de l’échec de leur politique d’isolement du Qatar. En juin 2017, Riyad et Abu Dhabi, ainsi que Le Caire et Manama, ont rompu tous leurs liens, diplomatiques et économiques, avec Doha. Présentée comme un fauteur de troubles, accusée de pactiser avec l’Iran et les Frères musulmans, la presqu’île s’est retrouvée mise au ban du Golfe.

Déjouer la tentative d’encerclement

Mais très vite, grâce à l’ouverture de filières de ravitaillement alternatif et aux réassurances offertes par ses alliés occidentaux, le Qatar a déjoué cette tentative d’encerclement. Au lieu de semer la discorde parmi la population locale, l’offensive du camp prosaoudien l’a incitée à serrer les rangs, autour de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani.

En Coupe d’Asie, l’équipe qatarie a fait preuve d’un esprit de résistance similaire. Bien que privés de tout supporteur – l’entrée sur le territoire émirati leur ayant été interdite –, les joueurs ont remporté jusque-là tous leurs matchs, sans encaisser le moindre but. Avec huit réalisations, l’attaquant Almoez Ali est déjà assuré de décrocher le titre de meilleur buteur de la compétition.

En vue de la demi-finale, la fédération de football émiratie, pas championne de fair-play, avait mis la main sur tous les billets encore disponibles, qu’elle a redistribués à des supporteurs « loyaux ». Hormis quelques dizaines de fans omanais, la totalité des 35 000 spectateurs du stade Cheikh Zayed, d’Abu Dhabi, était hostile à l’équipe qatarie. Comme à chaque match depuis le début du tournoi, l’hymne du petit émirat a été copieusement hué. Et, en représailles aux buts inscrits par ses joueurs, des volées de chaussures et de bouteilles en plastique se sont abattues sur la pelouse.

Avec cette qualification en finale, Al-Annabi, modestes 93es du classement mondial de la FIFA, ont décroché le meilleur résultat de leur histoire. Une victoire face au favori japonais, à un peu moins de quatre ans de la prochaine Coupe du monde, disputée dans leur pays, les gonflerait de fierté et d’espoir. De quoi faire passer aux Emirats l’envie de réorganiser une Coupe d’Asie.