Netflix, mercredi 30 janvier, à la demande, documentaire

Il avait promis une fête somptueuse que le monde aurait observée avec envie sur Instagram et Twitter. Il avait imaginé une bringue luxueuse sur une île désertique des Bahamas qui aurait, jadis, appartenu à Pablo Escobar, le fantasque narcotrafiquant colombien tué en 1993. Il avait annoncé un festival de musique qui dépasserait « les limites de l’impossible » en présence des stars et des mannequins les plus glamour du moment.

Des milliers de personnes devaient vivre une « expérience unique », celle d’être traitées, le temps de deux week-ends – entre avril et mai 2017 –, telles des vedettes de télé-réalité ou des gosses de riches. Pour cela, Billy McFarland, l’organisateur du Fyre Festival, avait tout prévu : une arrivée en jet privé depuis Miami, un séjour dans une villa ou une tente cinq étoiles et un traiteur de renommée internationale.

Festivaliers au pain sec

Tout le monde y a cru, et pour cause : Kendall Jenner, Hailey Baldwin ou encore Bella Hadid, ces influenceuses adulées par la jeune génération et suivies par des millions de fans sur les réseaux sociaux, ont fait – contre une coquette rémunération – la promotion de cette kermesse dorée. Un marketing efficace, puisque pas moins de 5 000 tickets, vendus entre 500 et 12 000 dollars l’unité (de 437 à 10 500 euros), se sont écoulés en un temps record. Sauf que le 27 avril 2017, jour de lancement des festivités, la méga boum bling-bling a tourné au désastre et s’est révélée être une immense arnaque.

Point de jets privés pour les fêtards, ils ont voyagé en charter, à bord d’un énorme Boeing. Pas de villas ni de tentes de luxe. Et le traiteur étoilé ? Non plus, juste des sandwichs au pain sec et au cheddar de supermarché. Et l’île n’a bien évidemment jamais appartenu à Pablo Escobar…

Comment un tel fiasco a pu ­arriver ? Avec précision et ironie, le documentaire Fyre, le meilleur festival qui n’a jamais eu lieu ­décrypte de l’intérieur les raisons de cet échec monumental en interrogeant la plupart des protagonistes qui ont travaillé sur le projet.

Au-delà du fiasco, le documentaire s’intéresse de près à la personnalité particulière de l’organisateur Billy McFarland

Les témoins expliquent, sans langue de bois, avoir été bernés par leur patron, Billy McFarland, et été aveuglés par son talent de commercial. Le jeune homme, 25 ans à l’époque, n’avait effectivement peur de rien, au point de demander à son conseiller, Andy King, d’avoir une relation sexuelle avec un douanier bahaméen pour libérer des conteneurs chargés de bouteilles d’Evian dont il ne pouvait régler la facture. « Tu sauveras ce festival », a-t-il osé lui dire. Quant aux Bahaméens qui ont monté jour et nuit le site pour ­accueillir le festival, ils n’ont évidemment jamais été payés.

Au-delà du fiasco, le documentaire s’intéresse de près à la personnalité particulière de Billy McFarland. Flambeur, narcissique, mythomane, il laisse derrière lui une ardoise de 30 millions de dollars. Ce documentaire édifiant se regarde comme un thriller, même si l’on peut regretter un montage un peu trop nerveux. Le jeune Billy a voulu « vendre du rêve au perdant moyen », comme il l’a dit avec suffisance. Il a été condamné, en octobre 2018, à six ans de prison.

FYRE: The Greatest Party That Never Happened | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:18

Fyre, le meilleur festival qui n’a jamais eu lieu, de Chris Smith (EU, 2019, 97 min). www.netflix.com/fr/title/81035279