« Ce soir-là, ils avaient basculé du mauvais côté », a déclaré mercredi 30 janvier l’avocat général lors de son réquisitoire. Après trois semaines d’audiences, une peine de sept ans d’emprisonnement a été requise contre les deux policiers jugés aux assises de Paris pour le viol d’une touriste canadienne en avril 2014 au 36, quai des Orfèvres.

« Ce soir-là, ils n’étaient pas la police, mais des usurpateurs indignes de brassards et ils se sont comportés comme ceux qu’ils pourchassent », a dit l’avocat général Philippe Courroye. « Mon intime conviction, c’est qu’au cours de cette nuit du 22 au 23 avril, dans les locaux de la brigade de recherche et d’intervention (BRI), Emily Spanton a bien été une victime non consentante d’actes sexuels », a-t-il ajouté.

Deux versions « totalement opposées »

Les accusés, qui comparaissent libres, et la plaignante ont deux versions « totalement opposées », a souligné l’avocat général. Mais les versions des policiers « recèlent des dissimulations évidentes et des incohérences manifestes ».

La cour d’assises de Paris doit rendre son verdict jeudi, et dire si les deux policiers, Antoine Q. et Nicolas R. (nous anonymisons les fonctionnaires de police en vertu de l’arrêté du 7 avril 2011 relatif au respect de l’anonymat de certains policiers, mais pas la partie civile, qui s’est exprimée publiquement sur l’affaire dans les médias), que la Canadienne de 39 ans accuse, se sont rendus coupables de « viol en réunion » dans la nuit du 22 au 23 avril 2014, dans leurs bureaux de la BRI, au 36, quai des Orfèvres – ils encourent vingt ans de prison. Les deux ex-policiers ont toujours clamé leur innocence.

La jeune femme et les accusés s’étaient rencontrés le 22 avril 2014 dans un pub, lors d’une soirée très arrosée. Ils s’étaient ensuite rendus au « 36 », alors siège de la police judiciaire. Selon des témoins, quand Emily Spanton est entrée dans les locaux à 0 h 40, en titubant, elle était joyeuse, alors qu’à 2 heures, la touriste canadienne était en état de choc, effondrée. Elle affirme avoir été violée par les deux accusés, et par un troisième homme qui n’a jamais été identifié.