Howard Schultz, lors de la tournée de promotion de son livre « From The Ground Up », à Seattle (Etat de Washington), le 31 janvier 2019. / Ted S. Warren / AP

« Parti de rien », qui est aussi le titre de son autobiographie (From The Ground Up, Penguin Random House, 2019, non traduit), Howard Schultz aimerait accéder à la Maison Blanche, mais à ses conditions. Alors que son passé de patron progressiste le range dans le camp démocrate, le fondateur de l’enseigne Starbucks, aujourd’hui retiré des affaires, a annoncé le 27 janvier envisager de se présenter comme indépendant à l’élection présidentielle de 2020. Ce choix le dispenserait de subir l’épreuve des primaires. Il suscite déjà l’effroi des adversaires de Donald Trump, qui dénoncent une lubie égotique de milliardaire.

Cette inquiétude n’a pas échappé au président des Etats-Unis qui a mis au défi Howard Schultz de sauter le pas sur son compte Twitter. Sa candidature serait pour M. Trump une véritable aubaine en neutralisant un électorat centriste qui ne l’apprécie guère. En attendant, la tournée de promotion de son livre ne cesse de donner l’occasion à l’ancien patron issu d’un quartier défavorisé de New York de dénoncer le virage à gauche pris, selon lui, par le Parti démocrate. Et d’affirmer péremptoirement qu’une majorité d’Américains ne se reconnaît plus dans les deux grands partis américains.

Revers de 2000

Une tactique vivement critiquée par un autre milliardaire qui a fait le choix inverse. « Il n’est pas possible qu’un indépendant gagne », assure Michael Bloomberg. L’ancien maire républicain de New York parle d’expérience : il avait examiné cette hypothèse en 2016 avant d’appuyer Hillary Clinton, et soupèse aujourd’hui ses chances à la primaire démocrate. « La grande probabilité est qu’un indépendant va diviser le vote anti-Trump et aboutir à sa réélection, et c’est un risque (…) que nous ne pouvons nous permettre aujourd’hui », ajoute-t-il.

Le Parti démocrate est d’autant plus sensible aux candidatures indépendantes qu’il leur impute en partie le revers de 2000, lorsque le candidat du Parti vert, Ralph Nader, avait capté une partie des voix qui manquèrent à l’ancien vice-président Al Gore, en Floride, face à George W. Bush. En 2016, la candidate de la même formation, Jill Stein, avait recueilli un nombre de voix supérieur à l’avance obtenue par Donald Trump sur Hillary Clinton dans le Michigan et dans le Wisconsin. Deux Etats dont la perte s’était révélée désastreuse pour les démocrates.