Le parquet de Rennes a annoncé vendredi 1er février sa décision de poursuivre pénalement le député La République en marche (LRM) de la première circonscription d’Ille-et-Vilaine, Mustapha Laabid, « pour des faits d’abus de confiance » commis au préjudice d’une association qu’il présidait. Le député a été convoqué à l’audience du tribunal correctionnel de Rennes du 5 mars « pour fixation de la date du jugement ».

M. Laabid est soupçonné d’avoir « utilisé à des fins personnelles ou indues des fonds de l’association Collectif Intermède », qu’il présidait jusqu’à son élection en 2017. Le montant du préjudice présumé est de 21 930,54 euros, indique le parquet dans un communiqué. Les faits auraient été commis à Rennes, Paris et Marrakech (Maroc), entre 2015 et la fin de 2017.

Un signalement de Tracfin

Le parquet reproche à Mustapha Laabid d’avoir financé sur les fonds de l’association diverses dépenses personnelles : environ 15 000 euros de repas dans des restaurants, achats ou paiements dans des commerces, frais de téléphonie et notes d’hôtels. Une enquête avait été ouverte pour ces faits, le 16 novembre 2017, par le parquet de Rennes à la suite d’un signalement de Tracfin d’octobre 2017.

Tracfin – service du ministère de l’économie chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent – avait fait état « de mouvements suspects sur les comptes de l’association et de son président, M. Laabid ». L’enquête avait été confiée à la Direction interrégionale de la police judiciaire de Rennes.

Issu de la société civile, Mustapha Laabid a été élu député de la première circonscription d’Ille-et-Vilaine en 2017. « Je n’ai jamais fait quelque chose de malhonnête, jamais volé de l’argent, ni eu l’idée de m’enrichir », a réagi M. Laabid à l’Agence France-Presse, dénonçant une situation « ubuesque ». Le député breton assure que les sommes mises en cause ont été engagées pour le fonctionnement de Collectif Intermède pour organiser notamment des repas festifs pour le public de l’association.

Sans parcours politique, Mustapha Laabid est connu localement pour son engagement associatif contre l’exclusion et pour l’insertion professionnelle dans les quartiers rennais. Il a créé Collectif Intermède après les événements de 2005 dans les banlieues – une association loi 1901 qui œuvre pour l’insertion des jeunes. Il dirige par ailleurs la Fondation agir contre l’exclusion (FACE) Rennes et a également présidé pendant dix ans le club de football Rennes Inter, qui œuvre pour l’insertion sociale et professionnelle par le sport.