« Mes gars en ce moment, c’est la compagnie panda », ironise le commandant Hervé. Sur les douze actes des « gilets jaunes », les hommes de la 8e compagnie républicaine de sécurité (CRS), qu’il dirige, en ont couvert dix. D’abord dans l’est de la France, puis à Bordeaux, avant d’êtres postés à Paris, le samedi 2 février. Les 87 policiers, cernes marqués autour des yeux, repartiront dès lundi pour trois semaines à Toulouse – en moyenne, une compagnie d’Ile-de-France passe 160 jours par an en déplacement.

Il est 13 heures sur le boulevard Voltaire, près de la place de la République, où le cortège parisien ne doit pas arriver avant la fin de l’après-midi. Si la fatigue imprègne les paroles des CRS, aucune plainte n’est venue troubler les rangs ces derniers mois. Face aux « gilets jaunes », ils sont en effet mobilisés sur ce qui constitue leur « cœur de métier » au sein de la police : le maintien de l’ordre. « Si on avait dû rester devant une porte à longueur de week-end, l’ambiance n’aurait pas été la même », garantit un policier.

Mobilisation en baisse

Dans un vent froid et sous un ciel gris, l’attente des manifestants se comble par une minutieuse préparation des « moyens et armes de forces intermédiaires », l’expression qualifiant l’arsenal des forces de l’ordre en manifestation. Bâton « tonfa » coincé dans la genouillère, bouclier, pistolet aérosol pour projeter du gaz lacrymogène. Deux CRS sont porteurs de lanceurs multicoups, capables d’envoyer six grenades lacrymogènes à la suite. Un autre est chargé d’un lanceur de balles de défense – LBD, type « Flash-Ball » – mais reste en retrait, pour n’intervenir que sur ordre du commandant Hervé. « On est bien loin des situations vécues les 24 novembre et 1er décembre », explique-t-il. Comprendre : la manifestation s’annonce beaucoup plus calme que les actes II et III du mouvement, pendant lesquels les scènes de violences s’étaient multipliées dans la capitale, notamment autour de l’Arc de Triomphe.

Peu après 15 heures, face à l’arrivée précoce de premiers « gilets jaunes » sur la place de la République, la « CRS 8 » se met en marche. Aux coups des matraques sur les boucliers répond, à quelques centaines de mètres, le « Ahou ! » devenu