Il n’y a pas qu’au poste de milieu défensif que le Paris Saint-Germain peine à trouver le profil idéal. Le siège de directeur sportif du club semble lui aussi maudit au Parc des Princes. Selon la presse sportive, la rupture est consommée entre le directeur sportif parisien Antero Henrique et l’entraîneur Thomas Tuchel, au point que le sort du Portugais est déjà scellé : il s’en ira l’été prochain selon Le Parisien. Depuis le départ du Brésilien Leonardo en 2013, le PSG a tenté plusieurs expériences pour occuper ce poste de direction, sans jamais réussir à conserver quelqu’un plus de deux saisons.

  • Le départ fracassant de Leonardo

Figure de proue du projet parisien depuis le rachat du PSG par les Qataris, l’ancien international brésilien Leonardo quitte le club à l’été 2013. Suspendu par la ligue après avoir bousculé un arbitre en marge du match PSG - Valenciennes, le grand artisan du recrutement parisien quitte la France. En deux ans, l’ancien milieu offensif du club parisien aura fait venir quelques-uns des plus grands noms de l’ère qatarie, de Zlatan Ibrahimovic à Edinson Cavani en passant par Thiago Motta et Marco Verratti.

A son arrivée, Leonardo gère le recrutement et se débarrasse rapidement, au bout d’une demie-saison, de l’entraîneur Antoine Kombouaré, jugé insuffisamment glamour pour le projet qatari. Aucun conflit ne l’oppose ensuite à Carlo Ancelotti, dont il est proche. L’Italien, toutefois, lui reprochera un ultimatum posé avant un match de Ligue des champions face au FC Porto, qui l’aurait décidé à partir quoi qu’il arrive à l’été 2013. A l’époque, Leonardo est l’incontestable patron sportif du club.

  • Olivier Létang, adjoint sans supérieur

Olivier Létang avec son ex-supérieur Nasser Al-Khelaïfi, lors de Rennes-PSG en décembre 2017. / LOIC VENANCE / AFP

Son départ ouvre une période de vacance du poste. Dans les faits, les prérogatives un peu floues de ce poste sont partagées entre le président Nasser Al-Khelaifi, Jean-Claude Blanc, directeur délégué du PSG et Olivier Létang. Sur le papier, ce dernier est « directeur sportif adjoint ». Sans qu’il n’existe de directeur sportif.

Pour compliquer la chose, l’émir du Qatar n’hésite pas non plus à s’immiscer dans la prise de décision sur les transferts majeurs. Et l’entraîneur Laurent Blanc a bien sûr ses propres idées.

Après avoir cherché pendant longtemps la perle rare pour remplacer Leonardo (Arsène Wenger est déjà envisagé), le PSG nomme en octobre 2016 au poste de directeur sportif Olivier Létang, adjoint de personne depuis trop longtemps. Un cadeau empoisonné : quelques mois plus tôt, le PSG a fait venir un nouveau grand nom dans son organisation, Patrick Kluivert, recruté au poste mystérieux de « directeur du football ».

  • Kluivert - Létang, deux hommes pour un poste

Jesé, symbole des erreurs de recrutement de l’ère Patrick Kluivert. / BERTRAND GUAY / AFP

Sans aucune expérience de dirigeant, le Néerlandais se retrouve aux commandes du secteur sportif du PSG. Sur le papier, il est le supérieur d’Olivier Létang. Dans les faits, ils sont plutôt en concurrence directe.

Imposé au club par Nasser Al-Khelaïfi, Kluivert s’illustre surtout par son inexpérience. S’il réussit un bon coup au mercato hivernal avec le recrutement de Julian Draxler, son passage au PSG reste surtout marqué par les procès en incompétence et les conflits avec l’entraîneur Unai Emery. Sans surprise, la situation confuse à la tête du secteur sportif du club finit par se résoudre avec des départs. Olivier Létang, au club depuis 2012, s’en va pour une société d’agents de joueurs. Il est aujourd’hui président du Stade Rennais. « A partir du moment où Patrick Kluivert est arrivé, c’était sûr qu’à un moment donné Olivier allait partir », confie alors l’un de ses amis.

Quelques semaines plus tard, Patrick Kluivert quitte lui aussi le club parisien. Sans avoir marqué les esprits, mais pas malheureux d’avoir ajouté une ligne à son CV : « Ce bagage acquis à Paris me sera très utile dans mon prochain emploi. » Après un passage en tant que consultant de BeIN Sports, Patrick Kluivert est désormais l’adjoint de son compatriote Clarence Seedorf, sélectionneur du Cameroun.

  • Henrique face à la forte tête Tuchel

Les relations entre Thomas Tuchel et Antero Henrique se sont fortement dégradées en un an. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

A l’été 2017, l’arrivée d’Antero Henrique suscite un élan d’optimisme. Directeur sportif du FC Porto depuis une dizaine d’années, précédé par une réputation de découvreur de talents (de Falcao à Lisandro Lopez en passant par James Rodriguez), le Portugais fait rapidement venir au club des proches pour tisser sa toile au Parc des Princes. Mais les premières tensions apparaissent avec l’entraîneur Unaï Emery lors du mercato hivernal 2018, sur la sempiternelle question du milieu défensif.

Empêtré dans les restrictions du fair-play financier, Henrique n’a pas vraiment réussi à peser sur le recrutement du PSG, qui n’a pas eu besoin de lui pour les arrivées spectaculaires de Mbappé et Neymar. Pour le reste, cela fait trois marchés des transferts que la question du milieu défensif l’empoisonne.

Alors que le capitaine Thiago Silva lui a publiquement reproché son incapacité à recruter le successeur de Thiago Motta, Antero Henrique a aussi subi les moqueries de Thomas Tuchel, qui se plaint librement de ne pas voir ses vœux exaucés. Samedi, l’Allemand a mollement défendu ses relations avec son supérieur : « Notre relation durant le mercato, est toujours très, très proche. J’ai mes avis, il a les siens. On doit faire le mieux pour le club. »

Comme chaque année depuis le départ de Leonardo, le nom d’Arsène Wenger revient avec insistance dans la presse sportive pour remplacer Antero Henrique en cas de départ. Mais el club parisien pourrait aussi bricoler, comme il a pris l’habitude de le faire pour ce poste coincé entre les ingérences de la présidence qatarie et les désirs des entraîneurs.