Lors de la précédente mobilisation, le 14 décembre, la CGT avait dénombré 15 000 manifestants à Paris, la préfecture de police en comptant 6 000. / GONZALO FUENTES / REUTERS

La CGT lance, mardi 5 février, une première journée de mobilisation qui se veut une réponse au grand débat national organisé par l’exécutif, qu’elle boycotte. La centrale syndicale préfère réclamer « sur le bitume » hausse des salaires et justice fiscale, des revendications entendues aussi chez les « gilets jaunes ».

Pour cette journée de mobilisation, la CGT s’est associée avec Solidaires, des organisations de Force ouvrière et a le soutien du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), du Parti communiste français (PCF) et de La France insoumise. Des préavis de grève ont été déposés, notamment dans la fonction publique (DGCCRF), à la RATP ou à la SNCF, et des manifestations sont prévues un peu partout en France. Sans citer l’appel de la CGT, Eric Drouet, l’une des figures du mouvement des « gilets jaunes », a appelé à une « grève générale » mardi.

Désunion syndicale

Avec le débat national, « toutes les questions sont pipées et portent en germe la volonté de poursuivre une politique libérale », estime Catherine Perret, une des dirigeantes du syndicat. La CGT a, par ailleurs, annoncé qu’elle ne se rendrait pas mercredi à Matignon, où le premier ministre reçoit syndicats et patronat. « On lui a écrit, on lui a parlé, trois fois, quatre fois, à chaque fois, la réponse, c’est : “On vous écoute” et, derrière, on fait ce qu’on avait prévu de faire », a dénoncé, dimanche sur France 3 le secrétaire général de la confédération, Philippe Martinez.

Côté syndical, des contacts ont eu lieu en tout début d’année entre Philippe Martinez et ses homologues de la CFDT et de Force ouvrière. Mais ils n’ont à nouveau pas réussi à s’entendre sur une mobilisation commune. « On a discuté, notamment sur ce qu’on pouvait faire sur les salaires dans les entreprises. A la fin, il y avait potentiellement une liste à la Prévert et forcément une grève, ce n’était pas notre objectif », a expliqué Laurent Berger (CFDT), qui préfère participer au grand débat proposé par l’exécutif.

Force ouvrière, qui a changé de leader en novembre après une crise interne, ne sera pas non plus de la partie. « Si la CGT n’avait pas annoncé tout de suite le 5 sur un cahier de revendications fourre-tout, ça aurait été plus simple pour nous », s’est agacé cette semaine Christian Grolier, numéro un de la Fédération FO fonction publique, qui parallèlement organise pendant toute la semaine des grèves et actions syndicales.

« Mardis d’urgence sociale »

Outre cette journée, la CGT propose d’organiser toutes les semaines des « mardis d’urgence sociale », qui mettront en lumière des initiatives syndicales un peu partout en France. En outre, elle a mis en ligne des « cahiers d’expression revendicative ».

Ces initiatives sont une sorte de réponse au mouvement des « gilets jaunes », sur lequel Philippe Martinez tient un discours ambigu. Des militants réclament une convergence qu’il refuse, car le mouvement n’a pas de leader national. « Les convergences, elles existent déjà, il y a une trentaine de départements où il y aura des défilés jaunes et rouges » mardi, a-t-il néanmoins assuré dimanche. La CGT prévoit déjà une nouvelle journée nationale à la mi-mars.

Lors de la précédente mobilisation, le 14 décembre, la CGT avait dénombré 15 000 manifestants à Paris, la préfecture de police en comptant 6 000. Aucun chiffre au niveau national n’a été communiqué. Hasard de calendrier, mardi doit être votée la loi « anticasseurs », donnant la possibilité aux préfets de prononcer des interdictions de manifester, un dispositif vivement critiqué par les syndicats.

Grand débat national : ce qui pose problème
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