La région montagneuse de l’Hindou-Kouch-Himalaya (HKH) est qualifiée de « troisième pôle » par les scientifiques pour ses gigantesques réserves de glace. / PRAKASH MATHEMA / AFP

Les deux tiers des glaciers de l’Himalaya et de l’Hindou Kouch pourraient fondre d’ici à la fin du siècle si la planète restait sur la même trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre, risquant de déstabiliser les grands fleuves d’Asie, selon une étude publiée, lundi 4 février, par l’International Centre for Integrated Mountain Development (Icimod), une organisation intergouvernementale établie à Katmandou (Népal).

S’étendant sur 3 500 kilomètres de l’Afghanistan à la Birmanie, la région montagneuse de l’Hindou-Kouch-Himalaya (HKH) est qualifiée de « troisième pôle » par les scientifiques pour ses gigantesques réserves de glace. Celles-ci alimentent dix cours d’eau majeurs d’Asie, du Gange au Mékong en passant par le fleuve Jaune, le long desquels sont structurés des bassins de populations.

Or le réchauffement climatique menace les glaciers en altitude de cette ligne montagneuse qui compte les plus hauts sommets du monde comme l’Everest et le K2, selon cette étude fruit de cinq ans de travail et qui a mobilisé plus 350 chercheurs et experts. « C’est la crise climatique dont vous n’avez pas entendu parler », a déclaré le responsable du rapport, Philippus Wester, de l’Icimod, cité dans le communiqué de presse.

Plus d’un milliard d’habitants concernés

Même si les nations de la planète parvenaient à contenir le réchauffement climatique du globe à + 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici à 2100, la cible basse de l’accord de Paris sur le climat de 2015, l’Hindou-Kouch-Himalaya perdrait tout de même un tiers de ses glaciers. Une fonte qui aura des conséquences pour les 250 millions d’habitants de ces montagnes et les 1,65 milliard d’autres qui vivent dans les bassins fluviaux en aval.

« Les conséquences pour les peuples de la région, déjà l’une des régions de montagnes les plus fragiles et à risques du monde, iront d’une aggravation de la pollution de l’air à une augmentation des événements climatiques extrêmes », prévient Philippus Wester.

Selon le rapport, la région aura besoin de 3,2 à 4,6 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour s’adapter au changement climatique, puis de 5,5 à 7,8 milliards de dollars par an d’ici à 2050.

Les glaciers, colosses fragiles
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Images : Universcience, Adamis production, CNRS Images.