Le président vénézuélien Nicolas Maduro entouré de militaires lors d’un exercice, le 3 février à Turiamo. / HANDOUT / REUTERS

Le chef de l’Etat vénézuélien Nicolas Maduro a rejeté dimanche 3 février l’ultimatum de plusieurs pays européens pour l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle, alors qu’il expirait en fin de journée. Dans un entretien avec la chaîne de télévision espagnole La Sexta, M. Maduro a déclaré qu’il ne ferait pas preuve de « lâcheté face aux pressions » de ceux qui réclament son départ et soutiennent l’opposant Juan Guaido.

L’Espagne, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Portugal, rejoints dimanche par l’Autriche, ont exigé de M. Maduro qu’il annonce la convocation d’une présidentielle anticipée, faute de quoi ils reconnaîtraient M. Guaido comme président du Venezuela. « Pourquoi faut-il que l’Union européenne dise à un pays du monde qui a déjà organisé des élections qu’il doit refaire son élection présidentielle, parce que ce ne sont pas ses alliés de droite qui l’ont gagnée? », s’est interrogé M. Maduro, qui s’exprimait depuis Caracas.

« Ils tentent de nous coincer »

« Ils tentent de nous coincer avec des ultimatums pour nous obliger à en venir à une situation extrême de confrontation », a-t-il poursuivi. Le président vénézuélien s’est dit favorable à un groupe de contact international comprenant l’UE et des pays latino-américains, comme l’Uruguay et le Mexique, et qui va se réunir jeudi à Montevideo, « une bonne initiative » selon lui.

« Moi, je soutiens cette conférence (...) Je gage que cette initiative-là permettra de s’asseoir à la table des négociations, pour un dialogue entre Vénézuéliens, pour aplanir nos différends, pour programmer un plan, une sortie qui résoudra les problèmes du Venezuela », a-t-il estimé.

Des sources diplomatiques ont déclaré que la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Espagne devraient reconnaître ce lundi la légitimité de Juan Guaido.

La ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, avait ainsi souligné dimanche que l’ultimatum prenait fin. « Si M. Maduro ne s’engage pas à organiser des élections présidentielles, nous considérerons que M. Guaido est légitime pour les organiser à sa place (...) et nous le considérerons comme le président par intérim » jusqu’à un nouveau scrutin, a-t-elle déclaré au Grand Jury pour RTL-Le Figaro-LCI.

Russie, Chine et Turquie comme alliés

Le président américain Donald Trump a lui déclaré qu’il n’excluait pas l’envoi de troupes américaines au Venezuela. « C’est certainement une option », a-t-il dit dimanche dans un entretien à la chaîne CBS. Donald Trump, qui a reconnu la légitimité de Juan Guaido dès que celui-ci s’est autoproclamé président par intérim il y a douze jours, a en outre expliqué avoir décliné une demande d’entretien de Nicolas Maduro.

La Russie, la Chine et la Turquie continuent de leur côté de soutenir le dirigeant socialiste, qui bénéficie aussi de l’appui, primordial, des forces armées vénézuéliennes. Moscou, important bailleur de fonds du Venezuela ces dernières années, a appelé dimanche à la retenue. « L’objectif de la communauté internationale doit être d’aider (le Venezuela) sans ingérence destructrice de l’étranger », a estimé Alexandre Chtchetinine, directeur du département Amérique latine au ministère russe des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Interfax.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté samedi à travers le pays pour réclamer le départ de Maduro, dont le second mandat a débuté le 10 janvier après une réélection contestée en mai dernier.