Joram van Klaveren et Geert Wilders, sur une photo datant de 2013, prise au Parlement néerlandais, à La Haye. / MARTIJN BEEKMAN / AFP

Il fut un fidèle lieutenant et sa « trahison » est à la mesure de son ancienne loyauté : Joram Van Klaveren, ancien député du Parti de la liberté (PVV) dirigé par l’extrémiste néerlandais Geert Wilders, s’est converti à l’islam. La nouvelle, confirmée par l’intéressé dans une interview au quotidien NRC-Handelsblad, lundi 4 février, a de quoi surprendre : quand il siégeait aux côtés de son mentor, ce très proche n’hésitait pas à affirmer que l’islam était « un poison, un mensonge » et Mahomet « un bandit ». Dans la foulée de M. Wilders, qui voulait faire interdire le Coran aux Pays-Bas, il plaida aussi pour l’interdiction des minarets et la « désislamisation » du royaume.

C’est, paraît-il, en se lançant dans l’écriture d’un livre qui devait décrire la religion musulmane comme une croyance conduisant à tous les excès et à l’enfermement des fidèles dans une logique mortifère que M. Van Klaveren aurait eu la révélation. « J’ai découvert que les récits négatifs sur l’islam trouvent leur origine dans l’Europe du Moyen-Age, explique-t-il. Les chrétiens voyaient la religion musulmane comme une concurrente et ont tout fait pour la disqualifier ». Quant à Mahomet, « on a répandu beaucoup de mensonges à son propos », affirme l’auteur de cette conversion décidément radicale.

En recherche de Dieu et « inquiet », l’ancien bras droit du leader d’extrême droite a, dit-il, trouvé « l’apaisement » avec ce revirement. Le voici donc plaidant que l’islam est « un enrichissement » pour les Pays-Bas. De quoi faire s’étrangler M. Wilders, même si son ancien comparse critique la vision puritaine du wahhabisme pour lui préférer « la vraie croyance ». Interrogé par la presse mardi, M. Wilders a affirmé ne pas « avoir de mots » pour décrire cette conversion. « C’est à peu près comme si un végétarien allait travailler dans un abattoir ».

« Coup publicitaire »

Comment réagit-on au PVV, un parti que M. Van Klaveren a quitté parce que virant, selon lui, trop à gauche sur le plan social et vers un racisme antimarocain primaire ? « Beaucoup de gens n’y montreront pas avec un enthousiasme démesuré », affirme l’intéressé, avec un sens aigu de la formule. Il a, dit-il, dû affronter rapidement une série d’interrogations : hait-il les homosexuels, va-t-il partir combattre en Syrie ?

Le nouveau musulman se console en soulignant que sa mère et son épouse approuvent sans réserve son choix. Assez simple d’ailleurs, à l’en croire : « Si vous croyez qu’il existe un dieu et que Mahomet est l’un des prophètes, aux côtés de Jésus et Moïse, vous êtes formellement un musulman ». Après avoir quitté M. Wilders et sa formation en 2014, M. Van Klaveren avait cofondé un nouveau parti populiste de droite, VoorNederland (« pour les Pays-Bas ») qui n’a récolté aucun siège lors des élections de 2017. Jan Roos, la tête de liste de cette formation, a définitivement enterré tout espoir, pour son collègue, d’être un jour réélu. Il parle d’un « coup publicitaire », voire d’une « blague ». M. Roos est, lui, converti au taoïsme, la doctrine philosophico-religieuse de Lao Tseu.