Juan Guaido, autoproclamé président du Venezuzla par intérim (gauche) et Nicolas Maduro. / STF / AFP

Une majorité des pays du Groupe de Lima ont exhorté lundi 4 février l’armée vénézuélienne à se ranger derrière l’opposant Juan Guaido, autoproclamé président par intérim, appelant à un changement de régime « sans usage de la force » dans ce pays exsangue.

Onze des 14 pays qui composent le groupe – dix pays latino-américains ainsi que le Canada – ont demandé, dans une déclaration commune au terme d’une réunion de crise à Ottawa, aux forces armées du Venezuela de « démontrer leur loyauté au président par intérim », Juan Guaido. Ils ont par ailleurs souhaité que la transition démocratique dans ce pays se fasse « rapidement » mais sans violence, ni ingérence étrangère armée.

Ces propos interviennent alors que les États-Unis n’écartent pas la possibilité d’une intervention militaire pour renverser le régime de Nicolas Maduro : « c’est certainement une option », a déclaré le président américain Donald Trump dans une interview diffusée dimanche par la chaîne CBS.

Aide humanitaire

Les pays du Groupe de Lima ont en outre appelé les forces vénézuéliennes « à ne pas s’opposer à l’entrée et au transit d’assistance humanitaire aux Vénézuéliens ». Dans leur déclaration, les onze membres signataires, s’inquiétant de la situation humanitaire au Venezuela, ont jugé « impératif que l’accès à l’assistance humanitaire soit garanti pour répondre aux besoins urgents des Vénézuéliens ». Ils ont en outre annoncé que l’opposition emmenée par M. Guaido serait désormais membre à part entière du Groupe de Lima en tant que représentant « légitime » du Venezuela.

Le Groupe de Lima a également appelé la communauté internationale à geler les avoirs à l’étranger du « régime dictatorial » de Nicolas Maduro, et à remettre les fonds à l’opposition, a indiqué la ministre canadienne des affaires étrangères Chrystia Freeland.

En ouvrant la réunion lundi matin, le premier ministre canadien Justin Trudeau avait annoncé une aide de 53 millions de dollars (35 millions d’euros) destinée à aider le peuple vénézuélien et les réfugiés qui ont fui le pays.

Manifestantes expulsées

Membre du groupe de Lima, le Mexique qui n’a pas reconnu Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela, n’a pas participé à la réunion à Ottawa. L’île caribéenne de Saint Lucie et la Guyane, présents à la rencontre, n’ont pour leur part pas signé la déclaration d’Ottawa.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo ainsi que l’adjointe de la chef de la diplomatie européenne, Helga Schmid, ont participé par vidéoconférence aux débats, sans que la teneur de leurs déclarations n’ait fuité.

M. Guaido s’est adressé par message vidéo aux participants, se disant impatient de voir organiser « le plus tôt possible une élection libre et équitable pour rétablir la démocratie au Venezuela ». Les Vénézuéliens « sont tout près de recouvrer leur liberté », a-t-il ajouté.

Cuba responsable ?

L’envoyé spécial de M. Guaido, Julio Borges, a de son côté accusé Cuba d’ingérence au Venezuela : « Le problème c’est que les forces armées vénézuéliennes ont été kidnappées par Cuba », a-t-il affirmé à la presse à l’issue de la rencontre d’Ottawa. « Derrière Maduro, il y a le gouvernement cubain, la dictature cubaine, qui est responsable de la violence, de la répression, des kidnappings (et) de la torture », a accusé M. Borges, leader du parti Primero Justicia.

Deux manifestantes criant « ne touchez pas au Venezuela » ont brièvement perturbé la conférence de presse finale avant d’être expulsées, accusant le Canada, le Groupe de Lima et l’Organisation des États américains (OEA) d’ingérence.

Mme Freeland a souligné que cette intervention montrait que le Canada était un pays où il est possible de manifester librement. Mme Freeland a enfin annoncé que la prochaine réunion du Groupe de Lima aurait lieu en Colombie, à une date non précisée.