Le 27 octobre 2014, John Cantlie apparaissait comme libre dans la ville de Kobané, parlant à la caméra comme un reporter de télévision pourrait le faire. / AFP

Enlevé en Syrie en 2012 puis apparu dans plusieurs vidéos de propagande de l’organisation Etat islamique (EI), le photographe britannique John Cantlie serait toujours en vie, a annoncé mardi 5 février le ministre d’Etat à la sécurité britannique, Ben Wallace.

Selon le ministre, qui s’exprimait lors d’une rencontre avec des journalistes et des chercheurs à Londres, John Cantlie pourrait être toujours détenu par le groupe djihadiste, qui contrôle encore plusieurs villages et une dernière poche d’une dizaine de kilomètres carrés dans la vallée du Moyen-Euphrate, dans le sud-est de la Syrie.

Interrogé sur le sort des otages britanniques à travers le monde, Ben Wallace, qui a réaffirmé que le Royaume-Uni « ne payait jamais de rançon et encourageait les autres pays à ne pas le faire », n’a pas souhaité préciser si le journaliste britannique se trouvait dans l’ultime réduit syrien de l’EI. Depuis décembre, plus de 36 000 personnes ont quitté cette bande de territoire frontalière avec l’Irak, dont 3 100 combattants djihadistes, qui se sont rendus aux Forces démocratiques syriennes, l’alliance arabo-kurde qui a lancé un ultime assaut contre l’EI dans la région.

« Journaliste maison »

Journaliste indépendant, John Cantlie a été kidnappé à deux reprises en Syrie. Une première fois en juillet 2012 en compagnie du photographe néerlandais Jeroen Oerlemans. Détenus pendant une semaine, les deux hommes seront libérés par des rebelles de l’Armée syrienne libre. De retour en Syrie en novembre pour continuer à couvrir le conflit, il est à nouveau enlevé le 22 novembre 2012 à Binesh en compagnie du journaliste américain James Foley, qui sera mis à mort par l’EI en août 2014.

James Foley et John Cantlie sont dans un premier temps détenus par le Front Al-Nosra, groupe affilié à Al-Qaida. Courant 2013, le bataillon qui les détenait fait serment d’allégeance envers ce qui s’appelait alors Etat islamique en Irak et au Levant, qui se proclamera Etat islamique l’année suivante.

Vêtu de la combinaison orange dont l’EI habille ses otages et prisonniers, John Cantlie réapparaîtra près de deux ans plus tard, en septembre 2014, dans une vidéo de propagande.

Le 27 octobre 2014, la mise en scène est différente : il apparaît comme libre dans la ville de Kobané, parlant à la caméra comme un reporter de télévision pourrait le faire. Il est devenu malgré lui porte-parole du mouvement djihadiste. ­Lequel le mettra en scène en « journaliste maison » dans des faux reportages en Syrie et en Irak. Depuis sa dernière apparition à Mossoul, traits tirés et extrêmement affaibli au mois de décembre 2016, on est sans nouvelles de l’otage britannique.