Alors que le réalisateur François Ozon s’apprête à présenter son nouveau film, Grâce à Dieu, à la Berlinale le vendredi 8 février, avant une sortie en France le 20 février, deux actions judiciaires font planer une menace sur ce calendrier. Le film, une fiction fortement documentée, inspirée par l’action d’une association d’anciennes victimes, La Parole libérée, est en effet consacré à une affaire de pédophilie survenue au sein du diocèse de Lyon. Au centre de l’affaire, Bernard Preynat, un prêtre mis en examen en janvier 2016 pour des faits remontant aux années 1980 et 1990.

Egalement en cause selon cette association, l’inaction des autorités hiérarchiques de l’Eglise qui en aurait eu de longue date connaissance et qui a néanmoins maintenu le ministère de ce prêtre jusqu’à 2015. Suite à ces révélations, deux procédures sont actuellement en cours. La première, visant Bernard Preynat, doit donner lieu à un procès qui aura vraisemblablement lieu à la fin de l’année. La seconde met en cause par voie de citation directe, dans un procès qui s’est ouvert le 6 janvier, le Cardinal Philippe Barbarin ainsi que cinq membres du diocèse de Lyon pour non dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs.

Assignation en référé

L’imminence de la sortie du film a donc fait monter la pression. Ainsi Régine Maire, laïque bénévole au diocèse de Lyon, citée à comparaître aux côtés du Cardinal Barbarin, a-t-elle mis en demeure le 29 janvier le cinéaste de ne pas mentionner son nom dans le film. Quant à Maître Emmanuel Mercinier, avocat du père Preynat, il a, le 1er février, déposé une assignation en référé devant le Tribunal de grande instance de Paris en vue d’obtenir le report de la sortie du film après la date du procès, parce qu’il attenterait à « la présomption d’innocence » de son client, alors que son auteur, quant à lui, « surferait sur la calendrier judiciaire ».

François Ozon, qui ne souhaite pas réagir à ces attaques, fait toutefois remarquer qu’il n’a strictement rien inventé dans le film et que « l’affaire est parfaitement connue, transcrite et documentée, y compris les aveux du Père Preynat ». Du côté des avocats de Mandarin Cinéma, Maîtres Paul-Albert Iweins et Benoît Goulesque-Monaux, on préfère de même réserver ses contributions pour l’audience, si elle devait avoir lieu tout en faisant savoir que « l’on est très confiant quant à la protection des droits à la création en France ».

Grâce à Dieu - de François Ozon - Bande-annonce
Durée : 02:32