Le vice-président américain, Mike Pence, le président, Donald Trump, et la speaker de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Washington, le 5 février. / Leah Millis / REUTERS

Donald Trump a suscité une rare moue de la speaker de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à un moment de son discours sur l’état de l’Union, mardi 5 février. Il venait de dénoncer les « enquêtes partisanes ridicules » qui l’entourent. La veille, des procureurs fédéraux de New York avaient exigé du comité chargé d’organiser sa cérémonie d’investiture, en janvier 2017, de leur remettre des documents liés aux dons et aux dépenses engagées à cette occasion.

Présidé par le magnat de l’immobilier Tom Barrack, ami de longue date du président élu, ce comité a regroupé la fine fleur des milliardaires proches du vainqueur. Son numéro deux, et sa principale cheville ouvrière, Rick Gates, était proche d’un ancien directeur de campagne de Donald Trump, Robert Manafort. Ce dernier est poursuivi par le procureur spécial Robert Mueller et a été pour l’instant condamné pour des faits de fraude fiscale et bancaire sans lien avec la présidentielle. Rick Gates a plaidé coupable en août 2018 pour fraude, conspiration contre les Etats-Unis et fausses déclarations.

La levée de fonds à laquelle ce comité est parvenu pour financer les multiples cérémonies organisées dans la capitale fédérale a frappé les esprits par son ampleur. Plus de 107 millions de dollars ont en effet été collectés, deux fois plus que pour les intronisations précédentes de George W. Bush, en 2001, et de Barack Obama, en 2009. Un quart de cette somme a servi à rétribuer une entreprise spécialisée dans l’organisation d’événements, créée pour la circonstance et dirigée par Stephanie Winston Wolkoff, une proche de la future First Lady, Melania Trump. Quinze millions de dollars ont par ailleurs été engloutis dans des dépenses administratives, dont plus de 9 millions en frais de transports.

Oligargue ukrainien

Les enquêteurs cherchent à savoir si certains dons au comité n’ont pas visé à acheter les faveurs de la nouvelle administration. Un industriel, Frank Haney, a ainsi versé un million de dollars avant d’embaucher Michael Cohen, l’ancien avocat de Donald Trump, déjà condamné à trois ans de prison pour fraude bancaire et infraction aux règles de financement des campagnes. Il souhaitait manifestement de l’aide pour obtenir un prêt du département fédéral à l’énergie, afin de mener à bien son projet de centrale nucléaire dans l’Alabama.

En 2018, un consultant politique américain qui a choisi de coopérer avec les procureurs fédéraux a déjà admis avoir transféré à ce comité 50 000 dollars provenant d’un oligarque ukrainien. W. Samuel Patten a avoué s’être servi d’un homme de paille, citoyen américain, pour contourner la loi qui interdit les versements provenant de l’étranger. Le ressortissant ukrainien aurait obtenu en contrepartie quatre invitations pour assister à l’événement.