Cette photo publiée par le bureau de presse colombien Migration montre le réalisateur Christian Kruger (à droite) marchant sur le pont Tienditas, qui relie les villes de Cucuta, en Colombie, et Urena, au Venezuela, le 5 février. / AFP PHOTO / COLOMBIAN MIGRATION OFFICE

Des militaires vénézuéliens ont bloqué mardi 5 février un pont à la frontière avec la Colombie, alors qu’est attendue une aide humanitaire internationale pour faire face à la grave pénurie de vivres et de médicaments au Venezuela, a déclaré un député de l’opposition, Franklyn Duarte.

Sans pouvoir confirmer la présence de militaires, l’AFP a pu constater que l’accès au pont de Tienditas, qui relie les localités de Cucuta (Colombie) et d’Urena (Venezuela), avait bien été entravé. Cet épisode marque une nouvelle étape dans le combat qui oppose le chef de l’Etat du Venezuela depuis 2013, Nicolas Maduro, et son opposant, Juan Guaido, reconnu président de cette république d’Amérique du Sud par une quarantaine de pays.

« Show d’aide humanitaire »

Le premier estime que « le Venezuela n’a pas besoin de demander l’aumône », assurant qu’il ne permettrait pas qu’on « humilie » le Venezuela avec un « show d’aide humanitaire ». « Ici au Venezuela, personne ne va entrer, pas un soldat envahisseur », a ajouté M. Maduro, qui est soutenu par la Russie, la Chine, la Turquie, Cuba et l’Iran. M. Maduro accuse Washington – avec qui il a rompu les relations diplomatiques – d’utiliser Juan Guaido comme un « pantin » pour le chasser du pouvoir et mettre la main sur les énormes réserves de pétrole du Venezuela. Il reproche aux Européens de soutenir ces « plans putschistes » américains.

De son côté, l’opposant Juan Guaido a insisté sur l’urgence à organiser l’arrivée d’une aide humanitaire internationale, estimant qu’il « y a entre 250 000 et 300 000 Vénézuéliens qui risquent de mourir ». Le Parlement, qu’il préside et qui est la seule institution vénézuélienne contrôlée par l’opposition, a d’ailleurs approuvé mardi un plan stratégique pour la distribution de vivres et de médicaments en provenance de la Colombie et du Brésil.

7 % des Venezueliens se sont exilés

Le Canada a ainsi promis lundi une aide de 40 millions de dollars (35 millions d’euros) destinée au peuple vénézuélien, s’ajoutant aux 20 millions de dollars (17 millions d’euros) d’aide annoncés par Washington, qui par ailleurs n’écarte pas une intervention militaire. L’Union européenne a débloqué mardi une aide de 5 millions d’euros.

Les habitants du Venezuela, autrefois le pays le plus riche d’Amérique latine, sont confrontés à de graves pénuries de vivres et de médicaments, ainsi qu’à une inflation galopante. Depuis 2015, quelque 2,3 millions d’entre eux se sont exilés, sur une population totale de 31 millions d’habitants.

La crise au Venezuela expliquée en 5 minutes
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