Siège social de Lactalis à Laval, le 17 janvier 2018 / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Fourmes d’Ambert et de Montbrison, reblochon, brie de Melun… Le groupe Lactalis avait mis les petits plateaux de fromage dans les grands pour accueillir, mercredi 6 février, les journalistes, à Laval. Dans le fief mayennais de la famille Besnier, propriétaire de l’entreprise depuis trois générations. Au menu de ce rendez-vous, un buffet de produits laitiers, vitrine de la haute main de la multinationale sur les appellations fromagères françaises, mais aussi une conférence de presse.

Pourquoi un tel exercice ? s’interroge en préambule Emmanuel Besnier, président de Lactalis, confirmant qu’il s’agit « d’une première ». « Nous voulons faire mieux connaître le groupe. De mauvaises informations circulent par le biais de détracteurs. Nous nous sommes aperçus que notre discrétion était mal interprétée », explique-t-il.

Une prise de conscience qui a débuté lors de la crise du lait en 2016. Les éleveurs plombés par des prix trop bas ont fait entendre leur colère, éclaboussant au passage Lactalis et ses marques Président, Lactel ou Galbani. Mais c’est l’éclatement du scandale du lait contaminé à la salmonelle en décembre 2017 qui a contraint M. Besnier de sortir de l’ombre.

Lactalis espère sortir sa filiale Parmalat de la Bourse de Milan

Un an après, Lactalis poursuit son exercice de communication. Il estime que son chiffre d’affaires 2018 devrait être de 18,5 milliards d’euros, en quasi-stagnation par rapport à 2017, en raison d’une perte de change de 700 millions d’euros et d’un manque à gagner de 200 millions d’euros lié à l’arrêt de la commercialisation des produits infantiles.

Le coût de la crise sanitaire, estimé à 300 millions d’euros, a écorné le bénéfice de 2017, affiché à 387 millions d’euros. Il devrait encore peser en 2018. Mais les comptes 2018 ne sont pas arrêtés. Pourquoi alors organiser une conférence de presse de résultats ? En fait, Lactalis espère sortir sa filiale Parmalat de la Bourse de Milan après deux essais infructueux. Lors de ces assauts, elle a dû publier ses comptes. Un exercice de transparence obligé. Le retrait de la cotation lui enlève toute contrainte. Reste le bon vouloir, qui semble prévaloir. Lactalis a ainsi livré l’objectif d’un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros en 2020. Signe d’un appétit intact….