Trois mois et demi avant les élections européennes, la gauche cherche encore les conditions d’une hypothétique union. Dernière initiative en date : Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération.s, a proposé vendredi 8 février, dans une interview au Monde, une « votation citoyenne » pour établir une liste unitaire aux européennes. Il tend la main à La France insoumise (LFI), au Parti socialiste (PS), au Parti communiste (PCF), à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ou à Place publique. La démarche montre une inflexion du côté de M. Hamon, qui rejetait jusque-là toute union avec ses anciens camarades du PS et avec LFI. Son idée recueille pour l’instant des réactions mitigées.

  • Yannick Jadot (EELV) dit « non »

Yannick Jadot, tête de liste d’EELV pour les européennes, a dit clairement « non » à l’idée de Benoît Hamon. « Depuis des mois, le seul sujet des écologistes, c’est l’élection européenne […]. Dans tout ce moment-là, ce qu’on me propose en permanence, c’est une union de façade à l’échelle française plutôt que la clarté dans le débat européen », a-t-il déploré sur Franceinfo.

« Ce qu’on nous propose, c’est d’être en compétition interne, de faire une sorte de congrès socialiste très large, associant tous les citoyens au moment où il faut faire campagne pour l’Europe », a-t-il critiqué, disant refuser de « faire de la tambouille ».

  • Le PS salue la démarche de rassemblement

« L’idée de l’union fait enfin son chemin », s’est réjoui auprès de l’Agence France-Presse un des porte-parole du Parti socialiste, Pierre Jouvet, proche du premier secrétaire, Olivier Faure. « Je n’ai pas exactement compris le système. Techniquement je ne vois pas comment [Benoît Hamon] veut faire ça », s’est-il cependant interrogé. Jugeant toutefois les questions de méthode « secondaires », M. Jouvet a appelé les différents acteurs à se « mettre autour de la table ».

Benoît Hamon « revient à la “maison” avec une primaire/votation citoyenne. On en parle vite dans un Conseil national (le parlement du PS) », a réagi sur Twitter le sénateur Rachid Temal.

D’autres se montrent nettement plus circonspects, comme l’ancien ministre « hollandais » Stéphane Le Foll. « On nous propose une méthode inspirée de la Suisse pour une union de la gauche sans projet ! Cette proposition, c’est le retour des égos et la mort de la politique », a commenté le maire du Mans sur Twitter.

  • Place publique « se réjouit que Benoît Hamon réponde à son appel au rassemblement »

Le mouvement Place publique, lancé par Raphaël Glucksman, Thomas Porcher et Claire Nouvian, a salué dans un communiqué l’initiative de Benoît Hamon. Rappelant « œuvre[r] à sortir de la guerre de chapelles qui condamne la gauche à la bérézina le 26 mai prochain », le mouvement « se réjouit que Benoît Hamon et Génération.s répondent à leur tour à son appel au rassemblement de la gauche et des écologistes en vue des européennes ».

Place publique propose par ailleurs « à tous » une réunion la semaine prochaine « pour définir les modalités citoyennes et politiques du rassemblement que nous appelons toutes et tous de nos vœux ».