Jean-Claude Romand, le 25 juin 1996, lors de son procès à Bourg-en-Bresse. / PHILIPPE DESMAZES / AFP

C’est l’une des affaires criminelles les plus saisissantes de la fin du XXe siècle. Jean-Claude Romand, qui, pendant une quinzaine d’années, s’est fait passer pour un médecin avant d’assassiner sa famille, en 1993, saura vendredi 8 février s’il bénéficie d’une libération conditionnelle.

Lors de sa demande de libération, présentée le 20 novembre et réexaminée le 31 janvier, le ministère public a demandé le rejet de cette requête.

Jean-Claude Romand, 64 ans, a menti à son entourage en affirmant qu’il était diplômé de médecine et qu’il travaillait pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève. En réalité, il passait ses journées dans sa voiture, dans une cafétéria ou une bibliothèque et faisait vivre sa famille en escroquant parents et amis, en prétendant placer leurs économies en Suisse.

Acculé, sur le point d’être démasqué, il finit par craquer. Le 9 janvier 1993, il tue son épouse, ses deux enfants de 7 et 5 ans, puis ses parents. Il tente, deux jours plus tard, de mettre fin à ses jours en ingérant des barbituriques et en incendiant sa maison, mais est retrouvé vivant. L’histoire hors norme du faux « docteur Romand » a inspiré à Emmanuel Carrère le récit L’Adversaire, adapté au cinéma par Nicole Garcia en 2002.

Période de sûreté de vingt-deux ans

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1996, Jean-Claude Romand est libérable depuis 2015, après avoir purgé une période de sûreté de vingt-deux ans. Le 31 janvier, son avocat, Jean-Louis Abad, s’était dit « très serein » et estimait que l’audience de demande de libération « [avait] permis de vérifier certaines petites questions et de consolider le dossier ». D’après lui, son client a trouvé « une structure extrêmement sérieuse et qui est prête à l’accueillir ».

Mais pour Laure Moureu, avocate des deux frères de Florence Romand, l’épouse assassinée, « le dossier ne permet pas d’envisager sérieusement la libération ».

En cas de décision favorable, le tribunal d’application des peines devra décider s’il lui accorde une libération conditionnelle avec ou sans bracelet électronique, ou s’il s’agit d’une semi-liberté qui l’autorise à travailler à l’extérieur de la prison, mais l’oblige à y revenir le soir pour y dormir.