Les tours nuages de l'architecte Emile Aillaud à Nanterre. / François Renault / Photononstop

« Nanterre ! Si je devais investir en Île-de-France, c’est là que je me positionnerais », révèle d’emblée Michel Platero, le président de la Fédération nationale des agents immobiliers du Grand Paris. C’est que la ville dispose de plusieurs atouts pour séduire les investisseurs. Nanterre est l’une des quatre communes sur lesquelles s’étend le quartier d’affaires de la Défense. « Mais la grande différence, c’est qu’à Nanterre, les prix de l’immobilier oscillent entre 3 500 euros/m² et 6 000 euros/m² dans l’ancien. Or, dans les trois autres villes avoisinantes (La Garenne-Colombes, Puteaux, Courbevoie), la barre des 6 000 euros/m² est dépassée depuis longtemps », souligne-t-il.

Une particularité due au passé de la ville. Ex-bastion communiste, Nanterre porte la trace de cet héritage dans la composition de son parc immobilier. Au 1er janvier 2015, 19 296 logements sociaux étaient recensés par la mairie, soit 52,6 % du nombre total de résidences principales. La ville a par ailleurs longtemps souffert d’une réputation des plus sulfureuses, ce qui la dessert parfois auprès des acquéreurs, comme l’observe Nadia Yenneck, directrice des ventes pour l’agence de Nanterre chez Guy Hoquet. « Certains ont encore à l’esprit les bidonvilles de Nanterre, mais c’était il y a plus de 60 ans. Les acheteurs viennent ici par dépit, attirés par les prix faibles, mais après un bref tour de la ville, ils sont séduits par le cadre ».

Résidences immobilières à taille humaine

En 15 ans, la préfecture des Hauts-de-Seine s’est transformée et les barres d’immeubles cèdent, peu à peu, leurs places aux résidences immobilières à taille humaine. « Il reste encore deux grandes tours, sur la place de la Boule, mais elles vont disparaître dès 2019 », indique Nadia Yenneck. Nanterre se redessine aussi à l’occasion d’opérations comme Réinventer la Métropole, qui permettra à l’hôpital de Nanterre de faire peau neuve. Près de 17 hectares à restructurer sur lesquels 4 hectares seront conservés pour faire du logement.

Autre chantier de grande ampleur, celui du prolongement du RER E, dont les travaux ont déjà commencé. En 2022, ce nouveau tronçon de ligne passera par la future gare de Nanterre-la-Folie. Une station également reliée, à l’horizon 2030, à la ligne 15 Ouest du Grand Paris Express. Ces infrastructures viendront s’ajouter aux trois stations de RER de la ville (Nanterre-Université, Nanterre-Ville et Nanterre-Préfecture) et pourraient faire bondir les prix de l’immobilier. Si les prix sont plafonnés dans la commune, rien ne garantit qu’à la revente, ils ne soient revus à la hausse par leurs détenteurs, en quête de plus-values.

Effet de rattrapage sur les prix

D’après les données de MeilleursAgents, en 10 ans, les prix de l’immobilier à Nanterre ont déjà augmenté de… 33,5 %. « Aucun quartier n’est épargné par les hausses », prévient Nadia Yenneck. « Il va y avoir un effet de rattrapage sur les prix. Une fois les différents réseaux de transports en activité, Nanterre va s’aligner sur les autres communes des Hauts-de-Seine », anticipe Michel Platero. Le niveau de rendement moyen atteint aujourd’hui les 5,1 % dans cette ville qui compte plus de 90 000 habitants, pour des petites surfaces mises en location aux alentours de 21,40 euros/m² en moyenne, et pourrait augmenter encore un plus à l’avenir.

Car ces valeurs n’ont pas fini de grimper, tant le territoire brille par son dynamisme. Nanterre est déjà l’un des pôles d’emploi les plus importants d’Île-de-France, avec plus de 96 000 salariés selon la municipalité, tout en étant une grande ville universitaire (près de 30 000 étudiants). Vinci, Orange, Safran… sont autant de grandes entreprises qui choisissent désormais de poser leurs bureaux dans la commune du 92, drainant dans leurs sillages des salariés à loger. En 15 ans, la population dans la ville a ainsi augmenté de plus de 10 %. Une courbe ascendante, qui n’est pas prête de s’inverser.

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