Tensions devant l’Assemblée nationale, en marge de la mobilisation des « gilets jaunes » à Paris, samedi 9 février 2019. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Une enquête judiciaire a été ouverte sur le cas du manifestant qui a eu une main arrachée, samedi 9 février, lors de la manifestation des « gilets jaunes » à Paris, a annoncé, dimanche 10 février, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. De son côté, le parquet de Paris a indiqué avoir ouvert une enquête pour rechercher les causes des blessures graves. Les investigations sont confiées à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).

« L’opération a été longue ce matin, c’est un travail méticuleux, c’est une blessure grave que je regrette », a déclaré le ministre sur France Inter/Francetvinfo/Le Monde. « On a déclenché immédiatement une enquête judiciaire pour comprendre ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.

Samedi, vers 13 heures, de vives tensions ont émaillé le cortège parisien des « gilets jaunes », parti des Champs-Elysées pour rallier le Champ-de-Mars. A hauteur de l’Assemblée nationale, des manifestants ont tenté d’enfoncer les palissades qui protègent la façade en travaux de l’Assemblée et lancé des projectiles par-dessus. Les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes.

Une grenade de couleur claire

L’explosion qui coûte une main à un jeune homme se déroule peu après cet épisode, quand un petit groupe d’une quinzaine de gendarmes, pris à partie par des manifestants, cherche à se dégager par des jets de gaz lacrymogènes et au moins une grenade. Différentes vidéos de la scène montrent un jeune homme à proximité d’un nuage de gaz lacrymogènes et une grenade de couleur claire qui arrive en roulant au sol. Il semble alors avancer et se baisser en tendant la main en direction de cette grenade, qui explose.

Lorsque la fumée se dissipe, il apparaît se tenant avec sa main gauche le bout du bras droit, arraché. Des « gilets jaunes » l’emmènent contre les grilles du jardin de l’Assemblée, où il est pris en charge par des « street medics » (secouristes volontaires), puis par des pompiers.

Dimanche, Christophe Castaner, a expliqué qu’« il y a eu une attaque contre le fronton de l’Assemblée nationale, […] les gendarmes se sont retrouvés encerclés face à une foule très hostile et ils ont voulu se désencercler ». « Un manifestant […] a voulu prendre dans la main cette grenade et elle a explosé », a-t-il ajouté.

133 enquêtes judiciaires

La victime s’appelle Sébastien Maillet et est originaire d’Argenteuil (Val-d’Oise), selon des médias et des « gilets jaunes », ce qu’a confirmé une source proche du dossier. Selon son père, Bernard Maillet, interviewé dimanche sur la chaîne RT France, ce plombier de profession manifestait « en tant que citoyen ». « Il a quelques flashs qui lui reviennent mais il ne sait pas trop encore » ce qu’il s’est passé, a-t-il ajouté, tout en annonçant son intention de porter plainte. A ses côtés, un « gilet jaune » prénommé Boudjema, se présentant comme membre du « collectif des gilets jaunes d’Argenteuil », a appelé à une mobilisation en soutien à Sébastien Maillet, mercredi à 18 heures devant la mairie de cette commune.

Le ministre a souligné que 133 enquêtes judiciaires étaient actuellement menées par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), allant « de blessures graves […] à l’insulte simple ». Il a aussi évoqué les violences qui ont émaillé l’acte XIII des « gilets jaunes » samedi à Paris, estimant que « depuis quelques années, l’ultra-violence rentre dans nos manifestations ». Au total, 45 personnes ont été interpellées dans la capitale samedi en marge des manifestations, et 42 ont été placées en garde à vue, selon les autorités.