Richard Ferrand au perchoir en tant que président de l’Assemblée nationale le 6 février 2019 lors d’une séance de questions au gouvernement. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand ne plaide pas pour le référendum et ne souhaite pas, le cas échéant, qu’il se tienne en même temps que les élections européennes du 26 mai.

Emmanuel Macron, dont il est proche, doit-il sortir la carte du référendum à l’issue du grand débat ? « Le référendum est un outil parmi d’autres, au service de notre démocratie. Ne l’agitons pas comme un fétiche », plaide M. Ferrand (LREM) dans un entretien au Journal du dimanche du 10 février.

Selon lui, le grand débat lancé pour sortir de la crise des « gilets jaunes » « pourrait tout aussi bien se terminer par des lois fortes ou par d’autres types de mesures, réglementaires ou autres ».

« Beaucoup de Français s’expriment dans les débats et n’en sont pas obsédés. Et ce n’est pas parce que des manifestants l’exigent qu’il faut claquer des talons et s’exécuter », insiste le député du Finistère, qui considère que « l’essentiel, c’est l’avenir de notre pays » et « c’est ce qui intéresse les Français, plus que les outils juridiques ».

Un grand débat à l’Assemblée probablement en avril

M. Ferrand indique que « l’Assemblée nationale se saisira des conclusions de la grande consultation pour qu’un grand débat s’y déroule aussi, sans doute au mois d’avril ».

L’ancien ministre milite aussi « pour un grand moment de dialogue entre les partenaires sociaux et le gouvernement ». A ses yeux, « les réponses ont besoin d’être concrètes, cohérentes, progressives et pas forcément spectaculaires ».

Interrogé sur l’hypothèse d’un référendum le 26 mai, M. Ferrand estime que « ce ne serait pas une bonne idée », à l’unisson des oppositions et d’une bonne partie de la majorité.

« Les enjeux européens sont suffisamment importants pour qu’on ne prenne pas le risque de les diluer dans une très hypothétique consultation référendaire », développe le président de l’Assemblée, citant la politique agricole commune, les conséquences du Brexit sur la pêche et encore « l’impossibilité pour Alstom et Siemens de former un grand groupe européen ». « Ne polluons pas ce débat, ne brouillons pas les messages », lance l’élu breton.

Questionné sur la tête de liste La République en marche (LRM) qui doit encore être désignée, l’ex-socialiste juge qu’« il faut que ce soit les meilleurs d’entre nous qui portent l’idéal européen ». « Ces élections ne doivent plus être, comme ce fut malheureusement le cas en France, une occasion de recyclage ou de promotion de seconds couteaux » et « il faut la meilleure équipe de France, autour d’un bon capitaine », en appelle encore M. Ferrand.

« Une limite a été franchie »

Le président de l’Assemblée nationale s’est aussi exprimé sur la tentative d’incendie dont son domicile a été la cible. Il considère qu’« une limite a été franchie » et s’inquiète pour la « santé démocratique » du pays.

Après la découverte vendredi de ce départ de feu, au pied de sa maison à Motreff, dans sa circonscription du Finistère, M. Ferrand se dit « naturellement choqué, et attristé », et « inquiet aussi à l’idée que [sa] compagne et [ses] filles aient pu se trouver [au] domicile ».

Selon lui, cette violence est inédite sous la Ve République et « une limite a été franchie ». « Comme si on pouvait désormais s’autoriser à commettre des actes délictueux ou criminels, singulièrement envers les représentants de la nation. Ce n’est pas un signe de parfaite santé démocratique », pointe du doigt l’ancien ministre, qui a déposé plainte.

Une photo publiée sur le compte Twitter de Richard Ferrand le 9 févier 2019 pour montrer les dégats liés à l’incendie de son domicile à Motreff dans le Finistère. / HANDOUT / AFP

Une soixantaine de députés visés ou menacés

Il remercie l’ensemble des responsables politiques et élus lui ayant adressé « des messages de grande chaleur républicaine », de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon.

« Rien ne permet à ce stade d’imputer [cette tentative d’incendie] à qui que ce soit », souligne M. Ferrand, alors que de nombreux élus de la majorité ont été visés depuis le début de la crise des « gilets jaunes » en novembre.

« Nous observons depuis des mois des débordements, que j’ai régulièrement condamnés en ma qualité de président de l’Assemblée nationale » et qui « visent de nombreux collègues, de tous les bancs, de toutes les sensibilités ». Ainsi « plus d’une soixantaine de députés ont été visés par des dégradations ou des menaces », dénonce le locataire de l’Hôtel de Lassay.