A Feuquières (Oise), les chiens n’ont plus le droit de déranger le voisinage par leurs aboiements. (photo d’illustration). / JEAN ERNARD / AGF FOTO / PHOTONONSTOP

Caniche, bouledogue ou berger allemand, à Feuquières, le meilleur ami de l’homme est prié de fermer sa gueule. Dans ce village de l’Oise de 1 500 habitants, les dix-neuf élus du conseil municipal ont voté, mardi 5 février, un arrêté pour mettre fin aux aboiements intempestifs.

C’est une pétition de riverains contre un propriétaire de six à sept chiens qui est à l’origine de ce vote. Lassés par les aboiements, des Feuquièrois ont interpellé le maire pour retrouver un semblant de quiétude. Une mise en demeure pour stopper les nuisances n’a pas suffi à régler le problème de voisinage. Alors pour faire cesser ce que le maire qualifie de « calvaire », il a donc été décidé de prendre une décision administrative. « Dans une commune rurale, il n’y a pas de police municipale pour intervenir et les gendarmes ont autre chose à faire. Donc comme ça fait des mois que ça dure et que les conciliations ont échoué, l’arrêté prendra effet dès ce lundi 11 février », confie au Monde le maire sans étiquette, Jean-Pierre Estienne.

Que dit le document ? Qu’il est interdit, de jour comme de nuit, de laisser un chien dans son enclos sans que son gardien ne puisse à tout moment faire cesser ses aboiements prolongés ou répétés. Et, de jour comme de nuit, le propriétaire doit tenir enfermé à l’intérieur d’un appartement ou d’une maison un chien dont le comportement trouble le repos ou la détente des personnes. Les contrevenants risquent une amende de troisième catégorie en cas de plainte, soit 68 euros.

« Complètement hallucinant »

Jean-Pierre Estienne, assume totalement cette décision : « Cet arrêté n’interdit pas aux chiens d’aboyer, mais il demande aux propriétaires de chiens de faire en sorte que lorsqu’ils aboient, ils ne perturbent pas l’environnement », a-t-il expliqué à l’hebdomadaire local Oise Hebdo. Le premier édile, officier de l’armée de terre à la retraite âgé de 72 ans, rassure les propriétaires de canidés : « Les chiens pourront continuer à aboyer à la campagne. »

Ce qui ne fait pas rire le président de l’association Pour la défense des droits des animaux, Stéphane Lamart : « C’est complètement hallucinant. Autant arrêter les cloches des églises de sonner le dimanche matin ! Les chiens ont une gueule, c’est pour aboyer ! Les gens sont bien contents quand ils donnent l’alerte en cas de cambriolage. »

Ce militant associatif comprend que les aboiements puissent déranger, mais il estime qu’il faut avant tout sensibiliser les gens et faire appel à l’éducation canine. « Je n’ai jamais vu un chien aboyer du matin au soir, insiste Stéphane Lamard. Le pire, c’est que le maire de Feuquières a expliqué qu’il existait des colliers antiaboiements. Sait-il qu’un usage intensif de ces colliers électriques peut brûler les cordes vocales de l’animal ? » Le président de cette association reconnue d’utilité publique a demandé à la mairie la copie de l’arrêté municipal en vue de le contester devant le tribunal administratif.

A la fin de 2017, une autre polémique animale avait agité le village de Feuquières. A la suite de plaintes d’habitants de la résidence Les Tilleuls concernant la prolifération de chats errants, la mairie avait finalement investi dans des cages-pièges pour les capturer et les stériliser. Et, parallèlement, le maire avait proposé un arrêté pour interdire de nourrir les chats errants. « On l’a annulé car il n’était pas réglementaire, avoue le maire. Au nom de la protection des animaux, un chat ne doit pas être affamé. » Mais l’édile ne baisse pas les bras : dans quelques semaines, il va lancer une campagne de stérilisation « pour enrayer la prolifération ».