Après quatre trimestres de faible croissance, la croissance française devrait progresser de 0,4 % en France au premier trimestre, à la faveur notamment d’une embellie dans le secteur du bâtiment, selon une première estimation dévoilée lundi 11 février par la Banque de France, très attendue par le gouvernement. Cette hypothèse, conforme à la prévision de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), est en hausse par rapport au chiffre du quatrième trimestre 2018 (+ 0,3 %), pénalisé en partie par le mouvement des « gilets jaunes ».

La Banque centrale française, qui se base pour cette estimation sur son enquête mensuelle de conjoncture, explique ce léger rebond par la hausse des demandes dans le bâtiment et l’amélioration des perspectives dans l’industrie et les services. Dans le bâtiment, la progression de l’activité s’est confirmée en janvier, notamment dans le second œuvre, grâce à des carnets de commande « très bien garnis », selon l’institution monétaire. Dans le secteur industriel, la production a, en revanche, diminué, notamment dans l’aéronautique, la chimie et la métallurgie. Mais selon les chefs d’entreprise interrogés par la Banque de France, l’activité devrait reprendre en février.

L’activité des services, quant à elle, a ralenti le mois dernier, avec une baisse notable dans l’intérim et l’hébergement-restauration, sur fond de poursuite du mouvement des « gilets jaunes ». Mais « les chefs d’entreprise prévoient une accélération de l’activité en février », après une baisse continue au cours des trois derniers mois, souligne la Banque de France.

Hausse de l’épargne

Le gouvernement espère un rebond de l’activité, à la faveur notamment des mesures annoncées face au mouvement des « gilets jaunes ». Ces mesures, chiffrées au total à onze milliards d’euros, devraient, en effet, redonner du pouvoir d’achat aux ménages français et permettre un rebond de la consommation, principal moteur de l’activité économique dans l’Hexagone.

Mais certains économistes redoutent que ces gains de pouvoir d’achat, qui devraient en 2019 atteindre 440 euros en moyenne par ménage d’après l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), se traduisent par une hausse de l’épargne, avec un effet limité sur l’activité. Nous avons « un niveau de croissance qui reste solide malgré les incertitudes européennes et mondiales », a voulu rassurer dimanche le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en marge d’un forum international à Dubaï.

Dans son projet de loi de finances, le gouvernement a prévu une croissance de 1,7 %. Mais M. Le Maire a récemment laissé entendre que cet objectif pourrait être raboté, en raison du ralentissement économique mondial. Dans ses dernières prévisions publiées jeudi, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a dit parier sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,3 % seulement en 2019. La Banque de France, de son côté, anticipe une croissance de 1,5 %.