Vingt ans après Ebay, Vinted tente de réinventer la vente d’occasion sur le marché de l’habillement. Au contraire de son célèbre prédécesseur, le site Internet de revente en ligne d’articles de mode d’occasion ne facture pas les vendeurs mais les acheteurs. Et ça marche. Chaque jour, 23 000 personnes créent un compte sur Vinted pour vendre pulls, vestes et autres salopettes. Depuis janvier, à la faveur de grosses campagnes de publicité dans l’hexagone, la machine s’emballe.

La France est désormais le premier marché de cette plate-forme fondée par Justas Janauskas et Milda Mitkute, en Lituanie, à Vilnius, en 2008. « Vinted aligne 21 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 8 millions en France », explique son PDG, Thomas Plantenga. Grâce à son appli, Vinted séduit notamment les femmes et les jeunes ; près des 60 % des utilisateurs sont âgés entre 18 et 29 ans. Beaucoup y revendent leurs vêtements et ceux de leurs enfants.

Le succès actuel de Vinted s’apparente, en fait, à une renaissance. En 2016, la plate-forme était donnée pour morte. Malgré des levées de fonds successives – plus de 50 millions d’euros depuis sa création en 2008 –, la start-up n’était pas parvenue à sortir la tête de l’eau. A tel point que, de guerre lasse, Insight Venture Capital, l’un de ses actionnaires, dépêche Thomas Plantenga au siège de Vilnius pour une mission de conseil. Ce spécialiste néerlandais de l’économie numérique débarque de New York, « change tout », ferme plusieurs bureaux européens pour ne conserver que son siège et une filiale à Berlin.

Utilisation gratuite pour l’acheteur

Dans la foulée, il rend l’utilisation gratuite pour ceux qui vendent leurs articles et chargent les acheteurs de régler « les frais de livraison et les frais de protection acheteurs de 5 % et de 0,70 euros par paiement ». Et le site investit en marketing pour se faire connaître. Dès lors, puisque la vente y est gratuite, les offres de vente affluent. Le choix grandit. Et Vinted gagne en audience. « Tous les jours, plus de 400 000 articles sont téléchargés sur Vinted en France », chiffre M. Plantenga.

En France, berceau du Bon Coin, numéro un des sites de petites annonces entre particuliers, Vinted profite de la révolution qui bouscule l’achat de mode. Les ventes d’articles neufs sont en baisse depuis dix ans, selon l’Institut français de la mode. De plus, les jeunes Français sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter de l’impact climatique de la production de vêtements et à restreindre leurs achats.

Enfin, nos compatriotes adorent faire de bonnes affaires pour s’habiller à peu de frais depuis leur mobile. Or, Vinted cultive un positionnement populaire où les utilisateurs vendent du C & A comme du Kiabi, sans jouer à la friperie de luxe de son concurrent Videdressing. Résultat : 1,5 million de personnes utilisent Vinted chaque jour en France. Toutefois, malgré une hausse de ses revenus tirés de la publicité en ligne et de ses ventes, le site n’est pas « profitable », reconnaît M. Plantenga. Son chiffre d’affaires a atteint 24,3 millions d’euros en 2018, en France, Espagne et Belgique. L’appli espère toujours mieux monétiser son audience record.