Kylian Mbappé lors du match face à Guingamp, le 19 janvier. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Lundi 17 décembre 2018 : un sourire discret barre le visage de Nasser El-Khelaïfi, le président du PSG. Son club vient d’hériter de Manchester United lors du tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des champions. Paris est sorti premier d’un groupe de qualification relevé comprenant Liverpool et Naples. Manchester se morfond en Premier League et les premiers bruits d’un limogeage de son entraîneur, José Mourinho, commencent à circuler.

Lundi 11 février 2019 : Nasser El-Khelaïfi semble un peu plus crispé. A la veille de la manche aller qui se disputera dans le mythique stade d’Old Trafford, son club devra jouer sans ses attaquants Neymar et Cavani, ni son défenseur Thomas Meunier, tous trois blessés. Et Manchester vient d’aligner 10 victoires et un match nul depuis la prise de fonction du Norvégien Ole Gunnar Solskjaer, qui a succédé à Mourino à la tête des Red Devils.

Mbappé, le rescapé

Les choses vont vite en deux mois, et Zoumana Camara l’avait prédit : « Pas mal de gens nous voient favoris, car Manchester ne va pas bien cette saison, mais le visage d’aujourd’hui est bien différent de celui du mois de mars. » Le rapport de force s’est en effet inversé, ou du moins équilibré. Difficile désormais de déterminer un véritable favori. Difficile également d’anticiper la composition d’équipe concoctée par l’entraîneur allemand Thomas Tuchel.

L’absence de Neymar, qui avait déjà manqué le match retour lors de l’élimination face au Real Madrid au même stade de la compétition la saison dernière, était déjà problématique. Celle de Cavani, après sa blessure contractée la semaine dernière face à Bordeaux, rend les choses encore plus compliquées. Seule certitude : Kylian Mbappé, seul rescapé de la « MCN », portera de lourdes responsabilités sur ses jeunes épaules.

« On ne peut pas mettre la pression sur Kylian, ce n’est pas son travail de remplacer ’Ney’et’Edi’ et d’être Kylian en même temps, a expliqué l’entraîneur parisien lors de la conférence de presse d’avant-match. Il doit jouer libre, avec confiance. Je veux que nous soyons capables de l’aider avec de bonnes passes. C’est nécessaire qu’il joue avec un bon état d’esprit. Il est ici pour grandir et c’est exactement le bon moment pour le faire. »

L’attaquant pourrait ainsi évoluer seul à la pointe de l’attaque, soutenu par l’Allemand Julian Draxler et l’Argentin Di Maria, qui fera son retour à Old Trafford après avoir connu une saison compliquée avec le club mancunien sous les ordres de Louis van Gaal.

Les absences des deux attaquants du PSG ont quelque peu occulté les interrogations relatives au milieu de terrain. Adrien Rabiot, toujours placardisé, n’a pas été convoqué pour cette rencontre. Marco Verrati pourrait une nouvelle fois évoluer aux côtés des Brésiliens Marquinhos et Dani Alves, défenseurs de métier, et qui n’ont jamais masqué leurs réticences à évoluer à ce poste.

En outre, des interrogations subsistent autour de l’Italien, de retour samedi 9 février après trois semaines de convalescence. Il faudra pourtant se montrer solide face au milieu mancunien porté par un Paul Pogba en pleine renaissance depuis le départ de Mourinho.

« On joue offensif, nous sommes Paris. C’est notre ADN »

Avec toutes ces absences, la tentation pourrait être grande pour Thomas Tuchel d’adopter une tactique défensive, et de procéder en contre pour marquer ce but à l’extérieur si important. « Ce n’est pas facile de changer (d’identité) même s’il manque nos joueurs clés offensifs. Je ne sais pas si c’est le moment de le faire. On a une tradition : on joue offensif, nous sommes Paris. C’est notre ADN », a-t-il avancé lors de cette conférence de presse. « Nous sommes ici pour marquer, c’est clair ! »

En face, Manchester se présentera avec toutes ses forces vives. Mais la prudence est évidemment de mise : « Bien sûr que n’importe quelle équipe privée de joueurs comme Neymar, Cavani, Thomas Meunier, en ressentirait l’effet, a estimé l’entraîneur de Manchester United Ole Gunnar Solskjaer. Mais cela va donner à d’autres joueurs une chance de débuter, et rendre peut-être plus imprévisible pour nous la manière dont ils vont jouer. »

Pouvait-il imaginer, lorsqu’il a pris la tête de l’équipe deux jours après le tirage au sort, que le rapport de force pourrait à ce point s’inverser ? « Le niveau de confiance était bas après la défaite contre Liverpool (défaite 3-1, le 16 décembre). Maintenant, je ne pense pas qu’on puisse être dans une meilleure disposition en termes de confiance et de forme pour aborder les matches qui arrivent, en particulier celui contre le PSG. »

Les Parisiens sont prévenus : Manchester et son nouvel entraîneur restent sur un bilan de 10 victoires et un match nul en onze matchs et comptent bien montrer à l’Europe entière que le club est revenu au plus haut niveau.