Le nouveau président malgache Andry Rajoelina prend la parole lors de son investiture, à Antananarivo, le 19 janvier 2019. / RIJASOLO / AFP

Les arrestations dans l’entourage de l’ex-président Hery Rajaonarimampianina se succèdent à Antananarivo, à Madagascar. Après Hugues Ratsiferana, Mbola Rajaonah a été interpellé mercredi 13 février sur le parking d’un supermarché de la capitale malgache. Il a été placé en garde à vue dans les locaux de la brigade criminelle. Ancien conseiller du président sortant, M. Mbola est surtout connu pour ses activités d’homme d’affaires, en particulier dans le transit portuaire à travers sa société Tafaray. Il faisait l’objet d’une enquête du Bianco, le bureau indépendant anticorruption, depuis juillet 2017 pour des faits présumés de corruption.

Pourtant, une source proche du dossier affirme que l’institution n’est pas à l’origine de l’arrestation. Jointe par téléphone, la brigade criminelle, qui dépend du ministère de la sécurité publique, a refusé d’indiquer qui a délivré l’ordre d’interpellation ainsi que les motifs de la garde à vue. « La procédure est clairement abusive, s’indigne Me Rafidison, l’avocat de Mbola Rajaonah. Ils n’ont montré aucun mandat d’arrêt, alors que mon client a subi une fouille au corps. C’est forcément une arrestation politique, sinon il y aurait des éléments concrets dans le dossier. »

« Excès de zèle »

Cette arrestation intervient également après celle, toute aussi musclée, d’Eddy Maminirina au centre commercial La City à Antananarivo, mardi 12 février, par des policiers d’élite de l’Unité d’intervention rapide (UIR). Cet opérateur de bois de rose, cité sur la liste des trafiquants de cette essence précieuse que l’ancien premier ministre Jean-Omer Beriziky avait remis à Hery Rajaonarimampianina en 2014, était en cavale depuis septembre 2017. L’homme était sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par le tribunal spécial de lutte contre le trafic de bois précieux et d’un avis de recherche émis par le Bianco.

« Le régime actuel semble vouloir faire un excès de zèle en organisant des expéditions lourdement armées pour montrer qu’il travaille, mais justement contre les seuls barons de l’ancien régime, déplore Ketakandriana Rafitoson, la directrice exécutive de Transparency International. Le jour où il s’attaquera à ses propres moutons noirs, et ils sont nombreux, là nous pourrons vraiment apprécier l’objectivité de sa démarche et de ses intentions. Il faut rechercher une application uniforme de la loi. »

Ces arrestations semblent en tout cas indiquer que le nouveau président Andry Rajoelina a décidé de frapper fort dès le début de son mandat pour donner des gages de sa volonté de lutter contre la corruption. Dans une interview accordée au quotidien Les Nouvelles mercredi 13 février, le nouveau ministre de la justice, Jacques Randrianasolo, avait indiqué que les dossiers « Mbola Rajaonah et Hugues Ratsiferana ne connaîtraient aucune impunité ». M. Ratsiferana, dont le procès a eu lieu mercredi 12 février, attend, en prison, le verdict qui devrait être rendu le 19 février. Sa demande de liberté surveillée lui a été refusée.