Un Airbus A380 sur la ligne d’assemblage finale de Blagnac (Haute-Garonne), en mars 2018. / REGIS DUVIGNAU / REUTERS

Le constructeur aéronautique Airbus a annoncé, jeudi 14 février, qu’il mettait un terme à son programme de très gros porteur A380, qui n’a jamais remporté le succès escompté et dont le dernier exemplaire sera ainsi livré en 2021.

L’avionneur européen a annoncé avoir conclu un accord avec la compagnie Emirates, l’un des principaux clients pour ce programme, qui va réduire son carnet de commandes de 162 à 123 A380 et commander en échange quarante longs-courriers A330neo et trente A350.

« La conséquence de cette décision est que notre carnet de commandes n’est plus suffisant pour nous permettre de maintenir la production de l’A380, et ce, malgré tous nos efforts de ventes auprès d’autres compagnies ces dernières années. Cela mettra un terme aux livraisons d’A380 en 2021 », a déclaré Tom Enders, président exécutif d’Airbus, dans un communiqué. « Les conséquences de cette décision sont en grande partie intégrées dans nos résultats financiers 2018 », ajoute-t-il. Les résultats du groupe ont été annoncés dans la foulée.

Airbus a atteint ses objectifs 2018 avec un bénéfice net en hausse de 29 % à 3 milliards d’euros et prévoit de livrer entre 880 et 890 avions commerciaux en 2019, mais il a été contraint de passer une nouvelle provision de 436 millions d’euros sur le programme d’avion de transport militaire A400M.

L’avionneur a indiqué que la fin de production de l’A380 se traduirait par « un impact négatif de 463 millions d’euros sur l’EBIT [bénéfice opérationnel] ». Le chiffre d’affaires consolidé progresse à 63,7 milliards d’euros (+ 8 %).

3 000 à 3 500 postes affectés

Airbus a, en outre, précisé qu’il engagera des discussions avec ses partenaires sociaux dans les semaines à venir concernant les 3 000 à 3 500 postes susceptibles d’être affectés par cette décision dans les trois prochaines années. Toutefois, l’actuelle montée en cadence de l’A320 et la nouvelle commande de gros-porteurs d’Emirates offriront de nombreuses possibilités de mobilité interne, ajoute le constructeur aéronautique.

L’Airbus A380, l’avion de ligne le plus gros du monde, est entré en exploitation il y a douze ans. Le mauvais sort qui s’acharne sur lui semble inhérent à ses caractéristiques. Avec ses quatre moteurs – contre deux pour la grande majorité des appareils en service actuellement –, le super-jumbo est deux fois plus exposé au risque de panne. De plus, c’est un appareil qui consomme beaucoup de kérosène ; un point noir à l’heure où toutes les compagnies aériennes cherchent à réduire leur facture de carburant.

Enfin, les capacités et les contraintes techniques du très gros-porteur effraient la plupart des compagnies. Pour accueillir l’avion et ses deux ponts d’embarquement et de débarquement des passagers, il faut des infrastructures spéciales dont tous les aéroports ne disposent pas. Enfin, toutes les destinations ne conviennent pas à un appareil qui, dans la configuration de sa cabine la plus densifiée, peut transporter plus de huit cents passagers.

En 2017, Airbus avait annoncé un ralentissement du rythme de sa production d’A380 : d’abord douze par an, avant de passer éventuellement à six exemplaires chaque année. Ce faisant, l’entreprise voulait continuer à produire des super-jumbos sans perdre son savoir-faire. Elle espérait que les compagnies se décideraient à commander des A380 en nombre.

Il y a un an, la commande d’Emirates était apparue comme un miracle qui avait sauvé le super-jumbo. A raison d’un exemplaire produit par mois, Tom Enders croyait l’avenir de son avion assuré pendant au moins une décennie. Ce ne sera donc pas le cas.