Les raisons de la grave crise et des manifestations en Haïti
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Au lendemain d’affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants dans le centre-ville de Port-au-Prince, le président haïtien Jovenel Moïse est sorti jeudi 14 février au soir de son silence, par le biais d’une allocution pré-enregistrée diffusée sur la télévision d’Etat TNH. « Je ne laisserai pas le pays aux mains des gangs armés et des trafiquants de drogue », a déclaré le chef de l’Etat, s’exprimant en créole.

Les manifestants protestent contre l’absence d’amélioration des conditions de vie dont est rendu responsable le président. Au moins sept personnes ont été tuées depuis le 7 février. Au pouvoir depuis deux ans, il rejette à ce stade toute démission ainsi que toute idée de céder le pouvoir à un régime de transition. « Nous avons déjà connu une série de gouvernements de transition qui ont donné un paquet de catastrophes et de désordres », a-t-il plaidé.

Appelant ses opposants au dialogue pour trouver une issue à la crise, il a assuré qu’un « paquet de mesures a été pris par le gouvernement : j’ai demandé au premier ministre de venir les expliquer et les appliquer rapidement pour soulager notre misère. »

Le mécontentement populaire a été exacerbé par la publication fin janvier d’un rapport de la Cour supérieure des comptes sur la gestion calamiteuse et les possibles détournements de près de deux milliards de dollars du fonds Petrocaribe, un programme d’aide offert à Haïti par le Venezuela depuis 2008.

Washington rappelle ses diplomates non essentiels

Quasiment en même temps, le département d’Etat américain a annoncé le rappel de ses diplomates non essentiels et de leurs familles basés en Haïti et a exhorté les citoyens américains à ne pas se rendre dans ce pays.

« Il y a actuellement des manifestations de grande ampleur, violentes et imprévisibles à Port-au-Prince et ailleurs à Haïti », a expliqué le département d’Etat dans la dernière mise à jour de ses conseils aux voyageurs, mettant en garde contre la « criminalité » et l’« instabilité civile ».

« Le gouvernement américain a des capacités limitées pour fournir des services d’urgence aux citoyens américains en Haïti », a-t-il prévenu, soulignant que les « voyageurs sont parfois pris pour cible, suivis et attaqués violemment et dépouillés peu après avoir quitté l’aéroport international de Port-au-Prince ».

L’ambassade américaine a également dressé une liste de recommandations à l’intention de son personnel encore sur place – comme éviter de circuler à pied dans la plupart des quartiers – et d’interdictions (ne pas utiliser de transports en commun ou de taxis, ne pas se rendre dans les banques, ne pas retirer de l’argent aux distributeurs, ne pas circuler à la nuit tombée).