Le premier ministre, Edouard Philippe, lors d’une réunion à Plomodiern (Finistère), le 15 février. / FRED TANNEAU / AFP

Le premier ministre a déclaré qu’il mettait sur la table « un sujet explosif ». Vendredi 15 février, Edouard Philippe s’est dit favorable à un débat sur la mise en place de « contreparties » aux aides sociales en France.

Le chef du gouvernement a fait cette sortie lors d’une réunion avec des élus locaux et des dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) à laquelle il participait, dans le cadre du grand débat national, à Plomodiern, dans le Finistère.

« Moi, ma conviction personnelle, c’est que, compte tenu de l’importance de nos mécanismes de solidarité, compte tenu de nos finances publiques, compte tenu de la situation d’un pays qui est en croissance mais qui reste avec un taux de chômage élevé, il faut qu’on s’interroge sur ces contreparties, il faut que l’on regarde ce qu’on peut réfléchir avec nos concitoyens comme contrepartie au versement obligatoire. »

« Une belle question politique »

Il est « indispensable d’avoir des mécanismes de solidarité pour ceux qui sont dans la difficulté », a précisé le premier ministre, pour qui « il ne s’agit pas de revenir en arrière ». Mais il convient selon lui de s’interroger : « Est-ce que cette solidarité (…) peut s’accompagner de contreparties, d’activités, d’activités d’intérêt général ? »

« Qu’est-ce qu’on demande à ceux qui bénéficient de la solidarité, est-ce qu’on demande quelque chose, et si oui, quoi ? A mon sens, c’est une vraie belle question politique, c’est pas de la mécanique, c’est pas de la tuyauterie. »

Edouard Philippe a rappelé l’initiative polémique du conseil départemental du Haut-Rhin, qui a décidé en février 2016 de demander aux allocataires du revenu de solidarité active (RSA) de faire sept heures de bénévolat par semaine au risque de se voir privés de l’allocation.

Renforcer « l’appétence » au « retour à l’activité »

Interrogé sur les difficultés de recrutement, malgré un taux de chômage officiel qui reste proche des 9 %, Edouard Philippe a évoqué un « énorme problème » qui est « très inquiétant pour la suite » : « C’est un vrai scandale français d’une certaine façon, une spécificité dont on se passerait bien et il faut qu’on la règle. »

Le premier ministre a évoqué la réforme de l’assurance-chômage, sur laquelle syndicats et patronat doivent trouver un accord d’ici à la fin février. Le gouvernement, qui reprendra la main sur le dossier en cas d’échec des négociations, veut depuis le début du quinquennat à la fois renforcer « la compétence » de la population active, où « il y a énormément à faire », notamment par une réforme de la formation et de l’apprentissage, mais aussi « l’appétence » au « retour à l’activité », a résumé Edouard Philippe : « On veut justement qu’il y ait un avantage objectif à retourner à l’activité. C’est un message qu’il faut exprimer calmement, dans le détail, pour convaincre les partenaires sociaux que c’est l’intérêt de notre pays d’aller dans ce sens. »