L’ancien ministre des finances du Mozambique, Manuel Chang, comparaît devant le tribunal lors d’une audience d’extradition à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 8 janvier 2019. / Reuters Staff / REUTERS

Les autorités du Mozambique ont arrêté jeudi 14 février cinq personnes soupçonnées d’être impliquées dans le scandale dit de la « dette cachée », dont l’ancien responsable des services secrets et une proche de l’ancien président du pays, Antonio Guebuza. Ces interpellations sont les premières ordonnées par la justice locale depuis le début de cette affaire qui a plongé le pays dans une grave crise financière. « Je confirme que cinq personnes ont été arrêtées à ce jour », a déclaré à l’AFP une source judiciaire.

Il s’agit de Gregorio Leao, l’ancien directeur des services de renseignement, d’Ines Moiane, l’assistante de l’ex-chef de l’Etat Guebuza, d’Antonio do Rosario, l’ancien patron de trois sociétés publiques, de Teofilo Nhangumele, un homme d’affaires, et de Bruno Tendane, un officier des services secrets, a ajouté cette source. Les charges dont ils sont accusés seront précisées ce vendredi par le parquet, a-t-elle poursuivi.

L’affaire a éclaté en 2016, lorsque le gouvernement de Maputo a révélé avoir contracté pour 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) de prêts destinés à l’achat de navires, notamment militaires, auprès du groupe Privinvest, propriété du milliardaire franco-libanais Iskandar Safa. La révélation de ces prêts a précipité le Mozambique dans sa pire crise financière depuis son indépendance en 1975. La plupart des bailleurs de fonds du pays ont suspendu leur aide et Maputo a été contraint d’interrompre le remboursement de sa dette.

Pots-de-vin

Selon un audit indépendant, quelque 500 millions de dollars de ces prêts, délibérément cachés au Parlement mozambicain et aux bailleurs de fonds internationaux, ont été détournés. La justice américaine, qui a ouvert une enquête, estime qu’au moins 200 millions de dollars ont servi à verser des pots-de-vin à des industriels, des banquiers et des responsables mozambicains, dont l’ancien ministre des finances, Manuel Chang. Ce dernier a été arrêté en Afrique du Sud fin décembre 2018 et fait l’objet de demandes d’extradition du Mozambique et des Etats-Unis. La justice sud-africaine doit se prononcer vendredi sur sa demande de remise en liberté sous caution.

Le parquet général mozambicain a identifié ces derniers mois dix-huit personnes impliquées dans cette affaire, dont les cinq arrêtées jeudi. L’affaire suscite des remous au Mozambique et embarrasse l’actuel président Filipe Nyusi, ministre de la défense à l’époque des faits et candidat à un nouveau mandat à la tête du pays lors des élections générales prévues le 15 octobre. L’opposition et des ONG refusent que le pays rembourse un centime de cette « dette cachée » aux banques.