• Barbara Strozzi
    Voglio cantar

    Œuvres de Strozzi, Cavalli, Cesti, Marini, Merula. Avec Emöke Barath (soprano), Il Pomo d’Oro, Francesco Corti (direction)

Pochette de l’album « Voglio cantar », de Barbara Strozzi. / ERATO / WARNER CLASSICS

Un disque enthousiasmant à bien des égards qui, non content de rappeler que le génie de la compositrice Barbara Strozzi n’a rien à envier à son professeur Francesco Cavalli ainsi qu’à ses contemporains – Antonio Cesti, Biagio Marini et Tarquinio Merula –, suscite une jubilatoire admiration pour l’art consommé d’Emöke Barath. La jeune soprano hongroise, révélée au côté de Philippe Jaroussky dans l’album La Storia di Orfeo et plus récemment dans Orphée et Eurydice de Gluck, possède un timbre magnifique, une technique parfaite et une sensibilité d’une rare délicatesse. Toutes qualités partagées avec l’ensemble Il Pomo d’Oro que dirige du clavecin le talentueux Francesco Corti. De quoi propulser d’emblée ce premier album baroque au sommet de la discographie. Marie-Aude Roux

1 CD Erato/Warner Classics.

  • Toon Fret et Veronika Iltchenko
    Origins

    Œuvres de Charles Koechlin, Erwin Schulhoff, Arno Babadjanian, Fikret Amirov et Béla Bartok par Toon Fret (flûte) et Veronika Iltchenko (piano)

Pochette de l’album « Origins », de Toon Fret et Veronika Iltchenko. / FUGA LIBERA / OUTHERE

Comme son nom l’indique, ce programme réunit des œuvres de compositeurs dont la musique affiche les origines nationales. Elles le font, toutefois, de manière très évasive dans le cas des Quatorze pièces pour flûte et piano de Charles Koechlin. La France « d’antan » y apparaît après un filtrage d’une grande subtilité pour témoigner d’un goût de la ligne plutôt que de la lignée. Plus marquée par l’air du temps (le brassage cher aux années 1920) que par les particularismes locaux, la Sonate d’Erwin Schulhoff constitue la pièce maîtresse du récital, insaisissable et bondissante à souhait. Les autres contributions invitent au voyage, en Arménie (Babadjanian), en Azerbaïdjan (Amirov) et, bien sûr, en Hongrie (Bartok) sous la conduite d’un duo à l’aise sur tous les terrains. Pierre Gervasoni

1 CD Fuga Libera/Outhere.

  • Kaaris
    Or Noir part 3

Pochette de l’album « Or Noir pt.3 », de Kaaris. / DEF JAM / UNIVERSAL

  • Lacrim
    Lacrim

Pochette de l’album « Lacrim », de Lacrim. / CAPITOLE / UNIVERSAL

Oreilles sensibles et mélomanes s’abstenir. Ces deux CD sont les archétypes de ce qu’il y a de plus stéréotypé dans le rap français. D’un côté, Kaaris, adversaire de boxe de Booba, gentil papa à la ville, méchant gros bras dans ses clips. De l’autre, Lacrim, ancien braqueur reconverti dans le business du rap, tête de Droopy dans ses vidéos lors d’une cavale pour possession d’armes à feu, flamboyant dans celles avec ses copains américains.

Ces deux rappeurs ont chacun publié leur troisième album studio à deux semaines d’intervalle. Décharges de testostérone, productions musicales travaillées à la truelle et trouvailles linguistiques improbables... Kaaris est capable de faire un tube avec l’onomatopée Aïe Aïe Ouille !, détourne des proverbes – « l’anus porte conseil » – et saupoudre dans la tradition du trap américain ses rap d’interjections « Puteeee ! » ou « Suceeee ! ». Amis poètes, bonsoir. En revanche, il est capable d’un joli chant reggaeton sur Débrouillard. Tout n’est pas perdu. Du côté de Lacrim, et de son double CD, il faut lutter pour trouver un point positif, hormis ses prestigieux invités américains (Snoop Dogg, Rick Ross, 6ix9ine) ou francophones (Oxmo Puccino, Cheb Mami, Soolking, Kayna Samet). Il en met plein la vue mais nos pauvres oreilles saignent à l’écoute de cette voix abrasive, qui récite plus qu’elle ne rappe, des inepties la plupart du temps. Stéphanie Binet

1 CD Def Jam/Universal ; 2 CD Capitole/Universal.

  • Kicca
    I Can Fly

Pochette de l’album « I Can Fly », de Kicca. / KICCA AUTOPRODUCTION / INOUÏE DISTRIBUTION

Cinquième album pour la chanteuse italienne Kicca Andriollo qui, à la scène et pour ses enregistrements, ne garde que son prénom. Et une nouvelle fois, se dégage, dans les douze compositions d’I Can Fly, écrites par la chanteuse avec le claviériste et compositeur Oscar Marchioni, une imprégnation maîtrisée de la soul music classique des années 1960. Que cela soit en allant chercher dans les sources originelles du gospel (Angel, The Beats) ou vers la sophistication des productions de la compagnie phonographique Tamla Motown (Good Time) avec passage de la soul vers le funk du début des années 1970 (I’m Your World, que ne renierait pas Marvin Gaye, Sing Around, Up and Down). La manière expressive de projeter la voix, teintée d’une légère raucité, et l’entrain musicien de Kicca emportent vers de grands plaisirs musicaux, tout comme la formation menée par Marchioni avec le guitariste Nicolas Peslier, le batteur Lionel Boccara et, pour quelques interventions, le saxophoniste Olivier Temime. Sylvain Siclier

1 CD Kicca autoproduction/Inouïe Distribution.