Est-ce parce que cinq des sept artistes (Jean Claracq, Cécilia Granara, Nathanaëlle Herbelin, Simon Martin, Madeleine Roger-Lacan, Christine Safa, Apolonia Sokol) réunis sont des jeunes femmes que le titre de l’exposition est pris aux Demoiselles de Rochefort ? Ou parce que la peinture figurative, comme on disait jadis, est leur mode de création ? Ou parce que leurs œuvres sont libres et aventureuses comme les héroïnes de Demy ? Pour la plupart, cette exposition est la première opportunité de présenter dans une galerie leurs travaux pour leur diplôme aux Beaux-Arts et ils n’hésitent pas pour autant à affirmer leurs singularités.

On le vérifie dès l’entrée avec La Femme Montagne, de Madeleine Roger-Lacan, qui n’est ni vraiment un paysage, ni vraiment un nu, à regarder de près en dépit de son très grand format, et l’intérêt se maintient jusqu’à la dernière salle. S’y côtoient les figures à demi nues qu’Apolonia Sokol enferme dans des espaces cruellement géométriques et durement colorés et les tableaux et tableautins à l’huile sur bois de Jean Claracq, qui tient la chronique de notre monde avec la minutie d’un Flamand d’il y a cinq siècles qui connaîtrait aussi bien le cinéma que la littérature et l’art contemporains. Du groupe, il est le seul qui ne fasse pas du corps et du visage son principal sujet : autoportraits et portraits de Cécilia Granara et Christine Safa, anatomies méthodiquement regardées de Nathanaëlle Herbelin, spectres insaisissables de Simon Martin. Tout n’est pas également convaincant, mais on découvre avec grand intérêt ces artistes.

« David à la douche » (2018), de Nathanaëlle Herbelin, huile sur toile. / NATHANAËLLE HERBELIN / COURTESY DE LA GALERIE JOUSSE

« Mais pas du tout, c’est platement figuratif ! Toi tu es spirituelle mon amour ! ». Galerie Jousse Entreprise, 6, rue Saint-Claude, Paris 3e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures, jusqu’au 9 mars.