Impliqué dans un contrat négocié par Alexandre Benalla avec un sulfureux oligarque russe, le sous-officier de l’armée de l’air Chokri Wakrim a démenti, jeudi 14 février, avoir déplacé le coffre-fort de son ami juste avant une perquisition effectuée l’été dernier comme l’en accuse Libération, selon un communiqué de son avocat à l’Agence France-Presse (AFP).

Chokri Wakrim « dément catégoriquement avoir un lien quelconque avec le déplacement d’un coffre-fort appartenant à Monsieur Alexandre Benalla et conteste fermement les allégations fausses contenues dans cet article » du quotidien, écrit Me Jean-François Morant. « Il mettra en œuvre toutes les procédures nécessaires afin de rétablir son honneur et sa réputation », poursuit le communiqué, et il « se tient, sereinement, à l’entière disposition de la justice ».

Placé en garde à vue le vendredi 20 juillet dans l’enquête sur les violences du 1er-Mai, Alexandre Benalla avait déclaré posséder des armes déclarées dans une armoire forte. Mais les policiers ne l’avaient pas trouvée durant leur perquisition à son domicile, menée le samedi matin après l’échec d’une première tentative la veille au soir en présence de M. Benalla, qui n’avait pas les clés.

Chokri Wakrim et sa compagne mis en cause

Ce dernier avait ensuite expliqué devant les juges d’instruction qu’il avait, avant sa garde à vue, demandé à « un ami » d’aller chercher sa femme et « de récupérer tout ce qui pouvait être volé (…) et notamment les armes », par « souci de sécurité » car son domicile avait été identifié par les journalistes. Le parquet de Paris et les juges ont jusqu’ici refusé d’étendre les investigations à cette disparition du coffre.

Jeudi soir, le journal Libération a affirmé que cet « ami » n’était autre que Chokri Wakrim. Ce militaire de 34 ans, dont l’implication dans l’affaire Benalla a été révélée récemment par le quotidien, a été suspendu à titre conservatoire de ses fonctions la semaine dernière. Sa compagne, Marie-Elodie Poitout, elle aussi mise en cause depuis la révélation d’un enregistrement clandestin de M. Benalla violant son contrôle judiciaire, a dû démissionner de ses fonctions de cheffe du groupe de sécurité du premier ministre.

« Je démens formellement avoir eu connaissance ou avoir participé d’une quelconque manière à la disparition du coffre-fort de Monsieur Benalla », a-t-elle déclaré jeudi soir à l’AFP. « Je réfute ces allégations mensongères et n’ai aucune connaissance d’un éventuel rôle qu’aurait pu jouer M. Wakrim. »

Des enregistrements sonores

Chokri Wakrim est par ailleurs convoqué vendredi par la brigade criminelle dans l’enquête sur les conditions d’enregistrement d’une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, ancien employé de La République en Marche (LRM) et gendarme réserviste également mis en examen pour les violences du 1er-Mai. Ce 26 juillet, leur rencontre se tenait en violation de leur contrôle judiciaire.

Le 31 janvier, Mediapart avait révélé des extraits sonores des échanges dans lesquels les deux hommes évoquaient les répercussions de leurs ennuis judiciaires sur la société de M. Crase, engagée dans un contrat de sécurité avec le milliardaire russe Iskander Makhmoudov, aujourd’hui l’objet d’une enquête du parquet national financier.

Le lendemain, Matignon avait transmis par courrier au parquet de Paris l’hypothèse, venue de la presse, que la rencontre ait pu avoir lieu dans l’appartement, mis sur écoute, de Mme Poitout.

Le parquet avait alors ouvert une enquête pour « détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception de télécommunications ou de conversations » et « atteinte à l’intimité de la vie privée », puis tenter de perquisitionner les locaux de Mediapart pour se faire remettre les enregistrements.