Donald Trump dans la roseraie de la Maison Blanche, le 15 février. / EVAN VUCCI / AP

Un beau soleil régnait sur Washington, vendredi matin 15 février, mais une bourrasque verbale s’est pourtant abattue sur le Rose Garden de la Maison Blanche lorsque Donald Trump s’est présenté devant la presse. Le président devait en principe annoncer un état d’urgence nationale pour obtenir les fonds que lui a refusé le Congrès pour son projet de « mur » sur la frontière avec le Mexique.

Manifestement en manque de reconnaissance après cet échec cuisant, Donald Trump a multiplié les satisfecits dans un tourbillon de dossiers, passant rapidement des négociations commerciales à la situation en Syrie puis à son prochain sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un prévu à Hanoï, les 27 et 28 février, dans un complet désordre.

Donald Trump a loué l’application de la peine de mort en Chine pour les trafiquants de drogue, moins de deux mois après avoir validé une réforme assouplissant la politique pénale américaine. Il a renoué avec ses récits saisissants de trafic d’êtres humains sur la frontière avec le Mexique, décrivant à nouveau « les femmes attachées, du ruban adhésif sur la bouche ».

Les responsables des gardes-frontières n’en ont pourtant jamais eu vent. Au point que l’un d’entre eux, comme l’a raconté le site Vox le 27 janvier, a fini par envoyer un courrier interne pour collecter toute information pouvant étayer les descriptions présidentielles. Evoquant la pamphlétaire anti-immigration Ann Coulter, qui le critique avec virulence parce qu’elle le juge faible, il a assuré : « Je ne la connais pas, je la connais à peine, je ne lui ai pas parlé depuis plus d’un an. »

« Cette chose appelée prix Nobel »

Donald Trump a ensuite assuré sur le ton de la confidence que son prédécesseur Barack Obama « serait entré en guerre avec la Corée du Nord ». « Je pense qu’il était prêt à partir en guerre. En fait, il m’a dit qu’il était sur le point de commencer une grande guerre avec la Corée du Nord », a-t-il affirmé.

Après avoir loué ses bonnes relations avec Kim Jong-un, il a enchaîné : « En fait, je pense pouvoir dire ceci : le premier ministre [Shinzo] Abe, du Japon, m’a donné le plus bel exemplaire d’une lettre qu’il a envoyée aux personnes qui remettent cette chose appelée le prix Nobel. Il a dit : “Je leur demande de vous remettre le prix Nobel de la paix.” J’ai dit merci. »

Une occasion de revenir sur celui obtenu par son prédécesseur, dès la première année de son premier mandat. Barack Obama « ne savait même pas pourquoi il l’avait. Il était là environ quinze secondes et a reçu le prix Nobel. Il a dit : “Oh, pourquoi l’ai-je obtenu ?” Moi, je ne l’aurai probablement jamais », a confié le président. Le ton se voulait détaché, mais il n’a trompé personne.