Un prêtre, durant une cérémonie d’ordination à Notre-Dame de Paris, le 24 juin 2006. / FRANCOIS GUILLOT / AFP

Le silence autour des abus sexuels dans l’Eglise résulte d’un « pêché collectif » et d’un système qui « néglige » la parole des victimes, estime le patron des évêques de France Mgr Pontier dans un entretien au Journal du dimanche du 17 février.

« Nous devons travailler tous ensemble contre la pédophilie. La hiérarchie (religieuse, ndlr) n’est pas la seule coupable. Dans certaines familles, des parents très chrétiens ont empêché leur enfant de parler. C’est un péché collectif », estime le président de la Conférence des évêques de France (CEF). « Il existe une vénération de l’Église qui est malsaine et peut empêcher la libération de la parole », ajoute-t-il.

Ne plus rejeter la faute

A quelques jours d’un sommet mondial au Vatican sur les crimes pédophiles, Mgr Pontier incrimine plus généralement le peu d’attention accordé aux victimes dans l’Eglise. « Il y a quelque chose de systémique dans la négligence, le poids et la défense des institutions par rapport aux personnes victimes », dit-il, assurant que l’Eglise doit prendre ses responsabilités. « On ne peut plus rejeter la faute, dire que ce sont les médias ou le monde extérieur qui en voudraient à l’Église », ajoute Mgr Pontier.

Les victimes « n’ont pas besoin de repentance permanente si les actes ne suivent pas », poursuit-il, formant l’espoir que la commission Sauvé constituée en France sur les abus pédophiles dans l’Eglise saura « secouer » l’institution.

Le prélat se dit par ailleurs favorable au report de la sortie, prévue mercredi, du film de François Ozon intitulé « Grâce à Dieu » et consacré au père Preynat, un prêtre lyonnais mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs et qui pourrait être jugé cette année.

« Calendrier ahurissant »

Saisie d’une demande de report déposée par le père Preynat, la justice doit se prononcer lundi.

« Nous sommes dans un calendrier ahurissant, qui voudrait que l’on termine par la reconnaissance de culpabilité devant les tribunaux après avoir vu tant de choses sur ce père Preynat qui, cela ne fait pas de doute, a commis des faits répréhensibles. Il faut un respect minimum de la présomption d’innocence. »

Interrogé sur l’enquête pour agressions sexuelles visant à Paris l’ambassadeur du pape en France Mgr Ventura, le prélat se montre également prudent. « Si des actes ont été commis qui auraient traumatisé profondément quelqu’un, ce serait bien sûr choquant. Je connais bien Mgr Ventura, et pour le moment je le présume innocent », dit Mgr Pontier.