Des députés, membres du groupe d’études de l’Assemblée nationale sur l’antisémitisme veulent pénaliser l’antisionisme. C’est un sujet « sur lequel nous travaillons depuis plusieurs mois », a déclaré lundi 18 février à l’Agence France-Presse le président du groupe d’études, Sylvain Maillard (La République en marche, LRM).

Le député de Paris a récusé tout projet « de circonstance », alors que les insultes proférées samedi par des « gilets jaunes » contre le philosophe Alain Finkielkraut ont suscité une vague de condamnations.

Le député de Paris affirme que les six vice-présidents du groupe d’études, issus des rangs de LRM, des Républicains, de l’UDI-Agir, du MoDem et de Libertés et territoires, soutiennent à « l’unanimité » cette proposition.

Les membres de ce groupe, au nombre d’une trentaire, doivent se réunir mardi pour décider de la forme que prendra leur initiative, potentiellement une proposition de loi ou une proposition de résolution – qui n’a pas de valeur contraignante.

Sylvain Maillard, député LRM de Paris, ici en mai 2017. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

« Plutôt compter sur l’éducation »

Plusieurs membres du gouvernement ont toutefois formulé des réserves sur le sujet.

« Il faut faire attention à ce que l’on veut condamner », a mis en garde sur France 2 la ministre de la justice, Nicole Belloubet, qui a estimé que cela « mérite un débat au Parlement ». « De façon générale, je ne suis pas pour aller dans une sorte de course permanente vers la pénalisation des choses qui nous déplaisent », a aussi affirmé sur Franceinfo le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer.

« Il faut plutôt compter sur l’éducation, le débat, et puis il y a de toute façon dès aujourd’hui un antisionisme qui est bien sûr le masque d’un antisémitisme, mais qui peut justement se détecter comme tel. Donc ça se discute, il faut faire très attention à ne pas, du fait de notre émotion, faire des choses qui sont ensuite contre-productives. »

Interrogé sur Franceinfo, le député « insoumis » Eric Coquerel s’est dit contre l’idée de pénaliser l’antisionisme. « Nous sommes typiquement dans une instrumentalisation. On doit pouvoir critiquer la politique de M. Netanyahou [le premier ministre israélien], comme on doit pouvoir critiquer une politique de théocratie islamiste sans passer pour un antimusulman ou sans passer pour un antisémite. »

« Ce que l’on veut condamner, c’est le fait de nier l’existence d’Israël. Mais on pourra évidemment continuer à critiquer les gouvernements israéliens », a affirmé pour sa part M. Maillard.