Cette combinaison d’images créée le 13 février 2019 montre des plaignants, posant avec une pancarte indiquant le niveau (microgrammes/L) de glyphosate dans leur urine, avant de déposer une plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » au tribunal de Toulouse, le 13 février 2019. / ERIC CABANIS / AFP

Cinquante plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui » ont été déposées mercredi 20 février au TGI de Lille dans le cadre d’une opération d’analyse des taux de glyphosate dans l’urine entamée par l’association Campagne glyphosate dans plusieurs villes de France. Les plaintes déposées contre « toute personne impliquée » dans la diffusion de l’herbicide portent sur des faits de « tromperie aggravée » et d’« atteinte à l’environnement ».

« Nous souhaitons alerter l’opinion publique, les magistrats et identifier les responsables », plaide Me Guillaume Tumerelle, avocat des plaignants et de l’association Campagne glyphosate qui mène cette action en métropole.

Une trentaine de personnes se sont ainsi rassemblées devant le TGI de Lille, leur taux de glyphosate dans l’urine brandi sur le t-shirt ou en dossard. « 80 % de mon alimentation est bio, comment se produit se retrouve dans mon urine ? », s’interroge Tristian Fleiszerowicz, plaignant à 2,05 nanogrammes par millilitre d’urine d’après une analyse constatée par huissier.

Le taux moyen relevé chez ces plaignants du Nord est de « 0,88 nanogrammes par millilitre d’urine », contre « 1,06 » en moyenne chez les « près de 700 personnes » déjà analysées en France, indique Dominique Plancke, référent régional de Campagne glyphosate.

« Il n’existe qu’une seule limite préventive, les 0,1 ng/ml pour l’eau potable », rappelle MTumerelle. Pour le plaignant Matthieu Meerpoel, professeur de droit, « en avoir, c’est déjà trop ».

« Cancérogène probable » selon l’OMS

Les premières plaintes ont été déposées en juin à Foix (Ariège), et transmises au pôle Santé publique du TGI de Paris. D’autres plaintes ont aussi été déposées à Rennes, en novembre, et à Toulouse, en février.

Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, avait qualifié, mi-janvier, « d’inquiétante » la présence de glyphosate dans les urines des Français, rappelant que la France s’est engagée à sortir de ce désherbant d’ici à 2021.

Ce désherbant « à large spectre » a été classé comme « cancérogène probable » en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais, en novembre 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estimait « improbable » qu’il présente un danger cancérogène pour l’homme, et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) est allée dans le même sens en 2017.

En quoi le glyphosate pose-t-il problème ?
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