C’est une nouvelle passe d’armes entre le président des Etats-Unis et le fleuron de la presse écrite américaine. Après un article du New York Times l’accusant d’ingérence judiciaire, Donald Trump a affublé mercredi 20 février dans un Tweet incendiaire le quotidien du qualificatif infamant d’« ennemi du peuple », dont il a déjà usé à l’égard de plusieurs médias qu’il juge hostiles.

L’article en question, publié mardi, énumérait une série de manœuvres supposées du président des Etats-Unis pour discréditer les enquêtes judiciaires le visant ou tenter d’en prendre indirectement le contrôle. Selon le New York Times, le chef d’Etat américain aurait notamment demandé à son ministre de la justice par intérim, Matthew Whitaker, de placer à la tête d’une des enquêtes un procureur considéré comme favorable au président américain.

« Une expression dangereuse »

La réponse du grand quotidien de New York, qui ne s’est pas fait attendre, s’est exprimée par la voix de son directeur de la publication, Arthur Gregg Sulzberger. « L’expression ennemi du peuple n’est pas seulement fausse, elle est dangereuse », a répondu Arthur Gregg Sulzberger, dans un communiqué posté sur le site du groupe. « Comme je l’ai dit directement à plusieurs reprises au président Trump », a-t-il ajouté, « il existe des signes de plus en plus nombreux que cette rhétorique incendiaire encourage les menaces et les violences contre des journalistes, aux Etats-Unis et ailleurs. »

Lors d’un entretien réalisé à la Maison Blanche à la fin de janvier par deux journalistes du New York Times, M. Sulzberger, qui était présent, avait mis en garde Donald Trump dans des termes quasiment identiques. « Je pense qu’il est mauvais pour un pays que les informations ne soient pas fidèles à la réalité », avait simplement commenté M. Trump, selon l’enregistrement diffusé par le New York Times, sans répondre directement aux inquiétudes du patron du quotidien. Il avait aussi estimé être « victime » de ce phénomène.

Le Washington Post attaqué par un lycéen soutenu par Trump

Mercredi, M. Trump a également accusé le New York Times de ne pas l’avoir sollicité au sujet des allégations d’ingérence qui figurent dans l’article, ce qu’a réfuté l’une des auteures, Maggie Haberman. Toujours via Twitter, le président américain s’en est également de nouveau pris au Washington Post, saluant la décision d’un lycéen du Kentucky d’attaquer le quotidien de la capitale fédérale.

Nick Sandmann accuse le « WaPo » de l’avoir présenté, à tort, comme le principal responsable d’une altercation entre un groupe de lycéens et un militant amérindien, à la mi-janvier à Washington. La vidéo de l’incident est devenue virale. Le jeune homme réclame au quotidien 250 millions de dollars de dommages et intérêts pour diffamation et publication de fausses informations le concernant. « Va les chercher, Nick », a tweeté Donald Trump. « Fake News ! »