Des bâtonnets de fromage blanc, des sachets de pommes de terre à cuire au micro-ondes, des œufs… Le point commun entre ces produits : ils sont approuvés par Mickey. A l’occasion du Salon de l’agriculture, qui se déroule du 23 février au 3 mars à Paris, l’entreprise de divertissement lance un label Disney Cuisine : des produits développés avec des marques partenaires (Volvic, Kellogg’s, P’tit Louis…), selon des critères nutritionnels définis par Disney.

Commercialisés sous licence, ils seront estampillés d’un logo vert mettant en avant leurs bienfaits nutritionnels et agrémentés de quelques « stars », comme Rémi, le cuisinier de Ratatouille ou Chewbacca de Star Wars. En revanche, impossible de connaître le degré de transformation de ces aliments, s’ils ont été produits sans pesticides ou s’ils contiennent des additifs.

Alors que devait être examinée, jeudi 21 février à l’Assemblée nationale, une proposition de loi sur la malbouffe portée par le député de la France insoumise Loïc Prudhomme, dont un article porte sur le marketing à destination des enfants, l’initiative de Disney fait grincer des dents. Car un label a bien été mis au point avec les autorités de santé, le Nutri-Score, qui classe les aliments sur une échelle de A à E en fonction de leurs qualités nutritionnelles. Or cette notation, qui a fait l’objet d’une dure bataille de lobbys, est facultative. Une centaine de marques se sont engagées à l’afficher, mais des mastodontes comme Coca-Cola et Nestlé s’y refusent.

Kellogg’s, partenaire de Disney Cuisine, fait partie des réfractaires. Si beaucoup de ses paquets de céréales sont mal notés par le Nutri-Score, la gamme « Indestructibles » labellisée Disney obtient un B honorable. En revanche, elle est épinglée dans la base de données Open Food Facts pour la présence d’huile de palme. Autre produit Disney, les bâtonnets de fromage Kidiboo, classés D dans le Nutri-Score, alors que des fromages d’affinage traditionnels obtiennent un C.

« Outil de repérage »

Sachets de pommes de terre, oeufs, boissons font partie des produits de la gamme alimentaire lancée par Disney sous le label Disney Cuisine.

Pourquoi Disney lance-t-il son propre étiquetage quand le label homologué peine déjà à s’imposer ? L’entreprise assure que son engagement sur la nutrition a précédé les réflexions sur le Nutri-Score. Pour Anne-Florence Sattonnay, directrice du programme « Disney tous en forme », le logo vert a été « conçu comme un outil de repérage », pour que « les parents puissent acheter des produits pour leurs enfants les yeux fermés ». Sauf que si le guide nutritionnel Disney est bien consultable en ligne, le cahier des charges précis qui a présidé au choix des produits n’est pas connu, pas plus que ne sont listés les « experts internationaux » ayant élaboré la charte.

« Cela aurait donné plus de confiance aux consommateurs de s’appuyer sur un label validé par les autorités de santé », regrette le nutritionniste Serge Hercberg, qui a coordonné les travaux sur le Nutri-Score. « C’est problématique que l’industrie développe elle-même ses propres normes nutritionnelles, abonde Mégane Ghorbani, responsable des campagnes de l’ONG Foodwatch, qui milite pour plus de transparence sur les étiquettes. Jusqu’à présent, on a trop compté sur le volontariat des entreprises et on constate que cela ne marche pas. »