Crise dans la crise vénézuélienne, la confrontation autour des cargaisons de vivres et de médicaments stockées aux frontières du pays approche de son dénouement dans une atmosphère de tensions accrues. Juan Guaido, la figure de proue de l’opposition, reconnu comme chef d’état légitime par une partie de la communauté internationale, avait fixé la date du 23 février pour l’entrée en territoire vénézuélien de l’aide humanitaire envoyée par ses alliés étrangers et actuellement bloquée aux frontières.

Or, à quarante-huit heures de l’échéance, aucune solution négociée n’est en vue. Jeudi 21 février, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a en effet annoncé sa décision de fermer totalement la frontière avec le Brésil « jusqu’à nouvel ordre » et a menacé de clore la frontière avec la Colombie. C’est pourtant dans cette direction que se dirigeaient jeudi soir M. Guaido et ses partisans dans l’idée de faire pression sur place afin d’obtenir l’entrée de l’aide.

Cette photographie diffusée par la présidence vénézuélienne montre le président Nicolas Maduro et le haut commandement militaire lors d’une allocution spéciale à Caracas, Venezuela, le 21 février 2019. / HO / AFP

Nicolas Maduro a de son côté dénoncé des « provocations » communes de la part du président colombien, Ivan Duque, et du président américain, Donald Trump. « Je tiens M. Ivan Duque pour responsable de toute violence à la frontière », a averti M. Maduro, qui a également appelé l’armée colombienne à ne se prêter à aucune agression contre le Venezuela. Ces déclarations intervenaient après le départ de M. Guadio et de ses partisans de Caracas

De l’aide vénézuélienne annoncée pour la Colombie

« C’est confirmé, il est en route », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) un collaborateur de l’opposant. Des journalistes de l’AFP ont par ailleurs constaté qu’une dizaine de véhicules avaient quitté en fin de matinée Caracas, mais sans pouvoir préciser si M. Guaido se trouvait dans ce convoi. Une autre caravane composée de plusieurs autocars a également quitté la capitale avec à son bord des députés d’opposition. Elle a reçu des gaz lacrymogènes tirés par des militaires qui avaient placé des obstacles pour empêcher sa progression sur une route de l’Etat de Carabobo, dans le nord du pays. Aucun incident grave n’a toutefois été à déplorer.

Des représentants des forces de sécurité bloquent la route où veulent passer des parlementaires de l’opposition avec leurs partisans, à proximité de Mariara, Venezuela, le 21 février 2019. / ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

La veille, Nicolas Maduro avait une nouvelle fois dénoncé un « show » politique de la part de l’opposition et répété que Donald Trump projetait une intervention militaire pour le renverser. Le gouvernement, qui nie toute crise humanitaire dans le pays, est allé jusqu’à annoncer jeudi l’envoi d’environ 20 000 caisses de vivres à destination de la population de la ville colombienne de Cucuta, transportées par une dizaine de camions. C’est dans cette ville qu’est entreposé depuis le 7 février le gros de l’aide d’urgence envoyée par les Etats-Unis. Le pont de Tienditas, reliant Cucuta à Urena, dans l’Etat de Tachira, est toujours barré de conteneurs pour empêcher l’aide d’y accéder. Autre foyer de tension, la frontière maritime qui sépare le Venezuela de l’île néerlandaise de Curaçao reste fermée avec suspension des vols et des lignes maritimes alors même que de nouvelles cargaisons d’aide devaient y arriver jeudi.

Concerts rivaux

Symbole de la confrontation en cours, deux concerts, l’un organisé pour demander l’acheminement de l’aide, l’autre pour la refuser, auront lieu vendredi à quelque 300 mètres de distance, de part et d’autre du pont de Tienditas entre le Venezuela et la Colombie. « Venezuela Aid Live », le concert organisé par le milliardaire britannique Richard Branson pour récolter des dons, aura lieu à Cucuta, en présence des présidents colombien, chilien et paraguayen. Un porte-parole des organisateurs, Fernan Ocampo, espère accueillir 250 000 spectateurs, alors que 1 500 policiers et militaires seront déployés pour assurer la sécurité de l’événement.

Des chauffeurs de taxi attendent de s’approvisionner en essence à proximité de San Antonio, Venezuela, le 21 février 2019. / Rodrigo Abd / AP

On compte parmi les stars internationales attendues les Espagnols Alejandro Sanz et Miguel Bosé, le Dominicain Juan Luis Guerra, les Colombiens Carlos Vives et Juanes, le Portoricain Luis Fonsi, ainsi que plusieurs célébrités vénézuéliennes. Nicolas Maduro a prévenu les intéressés : « Les artistes qui se produiront en Colombie doivent savoir qu’ils commettent un crime, ils donnent leur aval à une intervention militaire. ». L’affiche de « Hand off Venezuela », le contre-concert organisé à partir de vendredi, mais pour trois jours, par le gouvernement, n’est en revanche pas connue.

La crise au Venezuela expliquée en 5 minutes
Durée : 04:35