Le président Macron lors de son discours pour l’inauguration du Salon de l’agriculture, à Paris, samedi 23 janvier. / CHARLES PLATIAU / AFP

Le président de la République, Emmanuel Macron, a appelé à « réinventer » la politique agricole commune (PAC) afin d’assurer la « souveraineté alimentaire, environnementale et industrielle » du continent européen, samedi 23 février, en inaugurant à Paris le Salon d’une agriculture française écartelée entre les demandes d’amélioration environnementale et la volonté de maintenir son rang face à la concurrence.

« Je n’ignore rien des difficultés du quotidien [des agriculteurs]. Néanmoins, je constate avec vous que, parce qu’il y a eu mobilisation collective (...), les choses sont en train de s’améliorer », a défendu le chef de l’Etat dans un discours prononcé devant de futurs agriculteurs. « Toutes les filières, tous les acteurs doivent continuer à se mobiliser », a-t-il déclaré. « De ces combats, nous ne lâcherons rien », a-t-il dit faisant valoir les efforts faits par l’exécutif pour restituer la valeur à « ceux qui produisent », aux agriculteurs.

Le président a surtout centré son discours sur sa vision européenne de l’agriculture, alors que les négociations pour élaborer la future politique agricole commune (PAC) viennent de commencer et que le scrutin des européennes se rapproche (du 23 au 26 mai). Il a appelé à « réinventer » cette PAC afin d’assurer « la souveraineté alimentaire, environnementale et industrielle » du continent européen, alors que pour ses approvisionnements en alimentation animale, l’Europe est dépendante à 70 % de soja importé.

M. Macron a souligné que « la nourriture ne sera jamais une marchandise comme les autres », estimant que « cet engagement oblige la société à un devoir de protection vis-à-vis de toutes celles et tous ceux qui nous nourrissent et ce devoir de protection, ceux qui ont imaginé la politique agricole commune ne l’ont jamais perdu de vue ». « L’Europe agricole aujourd’hui est menacée de l’extérieur », notamment face aux grandes puissances comme la Russie, la Chine ou les Etats-Unis, et « de l’intérieur », a-t-il aussi estimé, en appelant à l’unité et en soulignant que « sans la PAC, les consommateurs européens ne bénéficieraient pas d’une alimentation accessible et de qualité ».

Notre grand reporter Béatrice Gurrey est sur place pour suivre le discours et la visite présidentielle :

« Les premiers militants de la transition écologique »

Emmanuel Macron a appelé les agriculteurs européens à devenir « les premiers militants de la transition écologique ». « Une part significative de la politique agricole commune (PAC) doit être consacrée à l’environnement », a-t-il estimé, en soulignant que la jeunesse européenne qui s’est mobilisée ces derniers jours contre le réchauffement climatique, « c’est la même jeunesse qui se réunit pour nourrir l’Europe ».

Si les agriculteurs français attendent beaucoup de la PAC, ils ont aussi des demandes immédiates : vendre leurs produits à des prix qui leur permettent de vivre, investir pour avoir des exploitations plus écologiques, et ne plus être sans cesse critiqués, ce qu’ils nomment l’« agri-bashing ».

Après son discours, M. Macron doit aller saluer Imminence, vache de race Bleue du Nord, égérie du Salon, puis il se rendra, dans l’ordre, sur les stands des filières lait, viande bovine, volailles, œufs, porc, pêche, pomme de terre, viticulture, fruits et légumes, grandes cultures et bière.

Lors de la dernière édition, en 2018, il avait passé douze heures d’affilée dans les allées. Le salon, qui dure neuf jours, attend entre 650 000 et 700 000 visiteurs.

Pourquoi les agriculteurs n’arrivent-ils plus à vivre de leur travail ?
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