En 2018, la performance de l’indice des obligations d’Etat de la zone Euro est ressortie à – 0,2 %,  un niveau peu surprenant au vu le niveau très faible des taux d’intérêt / Brendan McDermid / REUTERS

En 2018, les détenteurs de parts de sicav ou de fonds commun de placement (FCP) investis sur les marchés obligataires n’ont pas été à la fête. En effet, d’après Jean-Marie Mercadal, directeur général délégué en charge des gestions chez OFI Asset Management, « la performance de l’indice des obligations d’Etat de la zone Euro est ressortie à – 0,2 %, ce qui toutefois peu surprenant au vu le niveau très faible des taux d’intérêt ». D’ailleurs, même l’Eonia, le fameux « taux sans risque », référence des placements monétaires, s’est inscrit dans le rouge en 2018.

Dès lors, on peut se demander s’il existe actuellement sur le marché obligataire des titres permettant d’échapper à cette morosité ambiante, en affichant des perspectives de rendement plus alléchantes. Pour Jean-Marie Mercadal, la réponse est oui et se trouve sans doute du côté des obligations à haut rendement, aussi appelées obligations « high yield » par les spécialistes. Comme leur nom l’indique, ces titres obligataires offrent des rendements plus élevés que les emprunts d’Etat pour la simple et bonne raison que leurs émetteurs présentent un risque de défaut de paiement plus élevé.

En raison de leur caractère spéculatif, ces émetteurs sont d’ailleurs mal notés par les agences de notation financière, comme Standard & Poor’s, Fitch ou encore Moody’s. Pourtant, de « nombreuses obligations à haut rendement sont émises par des entreprises connues de tous, à l’image de Picard Surgelés, Casino, SFR ou encore Loxam en France par exemple », précise Thomas Samson, gérant d’obligations high yield européennes chez Muzinich & Co. Autre risque à prendre en compte avant d’investir sur ce marché : un faible niveau de liquidité.

Les excès de volatilité

En effet, il n’est pas toujours facile de pouvoir négocier en Bourse ce type de titres sans avoir à subir une décote d’illiquidité en cas de revente rapide par exemple. Quoi qu’il en soit, le jeu peut en valoir la chandelle. En effet, plus l’émetteur d’une obligation est considéré comme risqué par les investisseurs, plus son rendement est élevé. Et le compartiment obligataire à haut rendement n’échappe pas à cette logique.

Ainsi, « on peut actuellement tabler sur une rémunération annuelle de l’ordre de 4,5 % sur le marché européen et même sur des niveaux encore plus élevés aux Etats-Unis mais avec un risque en devise », indique Thomas Samson, ce qui représente une rentabilité additionnelle conséquente par rapport à un emprunt d’Etat français à dix ans rapportant aujourd’hui, par exemple, moins de 1 % par an.

Néanmoins, même si, pour l’heure, les fondamentaux des entreprises européennes restent solides, les récents excès de volatilité sur les places boursières liées au contexte politique et commercial ont récemment pesé sur le marché du crédit à haut rendement aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis d’après une récente étude publiée par Allianz Global Investors. Il n’en reste pas moins que malgré les craintes des investisseurs, « les taux de défaut évoluent toujours sur des niveaux historiques faibles, inférieurs à 3 % en Europe », ajoute Thomas Samson.

A l’écouter, il peut donc être aujourd’hui opportun de se positionner sur le marché européen du haut rendement à travers une sicav ou un FCP spécialisé sur cette classe d’actifs dont le gérant adopte une gestion active, en sélectionnant rigoureusement les titres en portefeuille. Attention, toutefois pour les investisseurs tentés de se tourner vers le marché américain plus rémunérateur qu’en Europe, ils doivent en effet garder à l’esprit qu’ils font alors face à un risque de change, susceptible d’annuler le surcroît de rémunération escompté.