Un dessin de R. Kelly présenté devant le juge à Chicago. / Tom Gianni / AP

Après une nouvelle vague d’accusations d’abus sexuels sur mineures, R. Kelly a été placé en détention vendredi. La caution du chanteur américain de R’n’B a été fixée à un million de dollars (881 715 euros), samedi 23 février, par un juge de Chicago.

De son vrai nom Robert Sylvester Kelly, l’homme de 52 ans s’est présenté à la police de sa ville vendredi soir après qu’un mandat d’arrêt à son encontre a été émis pour dix chefs d’abus sexuels sur quatre personnes, dont trois mineures, entre 1998 et 2010.

Le juge a fixé sa caution à 250 000 dollars (220 428 euros) par victime, soit un million de dollars en tout. Selon le système américain, il devra en pratique débourser 10 % de cette somme, soit 100 000 dollars (88 171 euros). Malgré sa renommée et sa carrière, le chanteur « n’a plus vraiment d’argent », affirme son avocat, Steve Greenberg, qui s’attendait à ce que la caution soit déposée « aujourd’hui ou durant le week-end ». « Je regrette que la caution n’ait pas été plus élevée, ou même qu’il y ait eu une caution », s’est de son côté plaint Michael Avenatti, avocat de deux victimes.

Il a également été interdit à l’interprète du tube I Believe I Can Fly tout contact avec quiconque de moins de 18 ans, ainsi qu’avec les victimes ou témoins de l’affaire. Il doit remettre son passeport.

Son ADN confirmé

La procureure Kimberly Foxx a ensuite décrit une partie des abus présumés sur les victimes, seulement identifiées par leurs initiales : HW, RL, LC et JP. En 1998, selon elle, le chanteur a repéré une fille fêtant ses 16 ans dans un restaurant, et l’a invitée à son studio. Il l’a « pénétrée de multiples fois vaginalement et oralement », et lui a fait donner une enveloppe d’argent à la fin. Cela s’est répété environ une fois par mois pendant un an.

Une autre victime avait été filmée dans des rapports sexuels alors qu’elle avait 14 ans, dans ce qui est, selon un témoin, la maison du chanteur. « Dans la vidéo, la victime répète plusieurs fois qu’elle a 14 ans », a précisé Kimberly Foxx.

En 2003, il est accusé de s’être masturbé et d’avoir éjaculé sur une coiffeuse de 24 ans, qui devait s’occuper de ses cheveux. La victime a donné son chemisier à la police, qui a testé le sperme et confirmé qu’il s’agissait de l’ADN de R. Kelly.

La quatrième victime, JP, avait assisté au procès de R. Kelly en 2008, obtenant son autographe à l’époque. Il l’avait ensuite invitée chez lui, et les deux ont eu des relations sexuelles plusieurs fois en 2009 et 2010. Elle aussi a conservé un vêtement ayant des traces de sperme, qu’elle a confié à la police.

Pour l’avocat de R. Kelly, Steve Greenberg, rien ne prouve à ce stade que les rapports sexuels n’étaient pas consentis. « Il n’a forcé personne à des relations sexuelles. C’est une rock star. Il n’a pas besoin de recourir à des relations non consenties », a t-il argué.

Un documentaire comme déclencheur

La vague d’accusations intervient après la diffusion sur la chaîne Lifetime de la série documentaire en six parties Surviving R. Kelly, début janvier. La série multiplie les témoignages sur « les abus sexuels, mentaux et physiques » perpétrés par le chanteur.

R. Kelly avait jusqu’à présent maintenu sa popularité, malgré des décennies d’accusations d’abus sexuels et de pédophilie. Il avait été inculpé en 2002 pour avoir filmé des relations sexuelles entre lui et une fille de 14 ans, et acquitté en 2008.

Mais dans la foulée du documentaire de Lifetime, la semaine dernière, Michael Avenatti avait annoncé avoir donné à la police une nouvelle vidéo montrant R. Kelly ayant une relation sexuelle avec une mineure. CNN dit avoir visionné la cassette. D’une durée de 40 minutes, elle aurait été filmée à la fin des années 1990. L’image est nette, selon CNN, et l’on y entendrait clairement le chanteur parler du « sexe de 14 ans » de la jeune fille.

Après la diffusion du documentaire, d’autres femmes ont saisi la justice à New York. La maison de disques Sony Music a mis fin au contrat qui liait sa filiale RCA à l’interprète.