Et si on baissait l’indemnisation chômage des cadres ? Le gouvernement doit donner mardi des précisions de calendrier et de méthode sur la suite de la réforme de l’assurance-chômage avant de faire de premières annonces. Et le sujet des allocations des cadres est d’ores et déjà sur la table.

Selon Les Echos, le gouvernement réfléchit soit à abaisser le plafond de ces allocations – actuellement fixé à 248,19 euros brut par jour –, soit à introduire une dégressivité. Des pistes accueillies favorablement par le patron des députés La République en marche (LRM), Gilles Le Gendre, qui a estimé lundi sur RTL que l’indemnisation des cadres faisait partie « d’un certain nombre de dysfonctionnements de l’assurance-chômage » :

« Il est évident que, aujourd’hui, les cadres supérieurs, les cadres dirigeants connaissent un niveau de chômage extrêmement modeste et que, quand ils connaissent une période de chômage, elle est très brève. (…) Ils sont indemnisés à des proportions et à des niveaux qui sont supérieurs à tout ce qui est constaté dans tous les autres pays. »

« La CFDT n’est pas pour un système de dégressivité »

En revanche, l’option ne satisfait pas les syndicats. Ainsi, la Confédération française démocratique du travail (CFDT) n’est pas pour « un système de dégressivité, pour aucun chômeur indemnisé, et pas plus pour les cadres », a souligné son secrétaire général, Laurent Berger, sur France 2. « Chaque fois qu’on baisse l’indemnisation des demandeurs d’emploi, on baisse leur capacité à retrouver du travail (…). Il faut éviter de stigmatiser telle ou telle population. » Dans Les Echos, Jean-François Foucard, secrétaire national du syndicat de cadres CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres), déplore, lui, « l’opportunisme » de l’exécutif.

« La réduction des indemnités chômage pour les cadres est une nouvelle illustration de la déconstruction du modèle social français », a réagi dans un communiqué Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat. Selon lui, « Emmanuel Macron veut concentrer, comme dans les pays anglo-saxons, la solidarité nationale sur une partie de la population ».

La piste de baisser les indemnisations des cadres avait déjà été évoquée par le premier ministre, Edouard Philippe, en septembre 2018. Mais la discussion autour de la réforme de l’assurance-chômage voulue par le gouvernement était alors dans les mains du patronat et des syndicats, invités à trouver un compromis.

Or le gouvernement a repris la main sur le dossier depuis que les négociations ont échoué, mercredi. C’est donc lui qui décidera des changements des conditions d’accès à l’assurance-chômage et des modalités d’indemnisation des demandeurs d’emploi. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a annoncé mercredi que les décisions se feraient « par décret », mais que les organisations d’employeurs et de salariés seraient consultées au préalable.